Je me demande parfois si nous ne sommes pas revenus au xve siècle, lorsqu'à Constantinople, les clercs discutaient du sexe des anges pendant que les barbares étaient aux portes de la ville. De fait, personne n'y pense, mais des décisions révolutionnaires sont sur le point d'être prises : M. Trump a annoncé qu'il baisserait le taux de l'impôt sur les sociétés de 39 % à 15 % et Mme May a indiqué qu'elle prendrait une mesure analogue en Grande-Bretagne, en ramenant le taux de cet impôt de 27 % à 12 %. Or, je le rappelle, en France, il est de 33 %. Même s'il devait être ramené à 28 %, comme le propose le candidat Les Républicains, les effets du dumping fiscal que la Grande-Bretagne et les États-Unis s'apprêtent à mettre en oeuvre seront terribles. M. Trump et Mme May vont créer une véritable pompe aspirante qui attirera sur leurs territoires les activités industrielles et les services de la pauvre Europe, assommée par les impôts. Et dire que certains candidats à la primaire socialiste proposent maintenant la création d'un revenu universel qui coûtera 400 milliards !
Je ne dors plus, monsieur le ministre ! Le monde est en train de connaître de grands bouleversements. Vous sourirez moins, mes chers collègues, lorsque les entreprises françaises, grandes et petites, s'installeront aux États-Unis. Je peux vous assurer que ce risque est autrement plus important que celui que représente Daech. Monsieur le ministre, cette question fait-elle l'objet d'une réflexion du Gouvernement ? Je suppose que non. La réflexion n'existe même pas de notre côté – et je compte bien, du reste, en parler à M. Fillon. Pourtant, ce sera, pour nos nations, le problème n° 1.