Nous sommes nombreux, au sein de l'Assemblée nationale, à penser que l'assurance maladie ne doit pas dépendre du mode de vie. L'approche retenue au Royaume-Uni où, selon que l'on est fumeur, skieur ou alpiniste, on a droit à tel ou tel contrat, est contraire à l'esprit même de la sécurité sociale française.
Je suis par ailleurs inquiet de la perte de substance du secret médical. Il me paraît stupéfiant que, si vous téléphonez à un hôpital en vous présentant comme l'ami médecin d'une personne hospitalisée, on vous donne presque systématiquement des indications sur son état de santé alors même que vous n'êtes pas son médecin traitant. De plus, les patients eux-mêmes ne savent plus ce qu'est le secret médical et déballent leur pathologie à tout va, ce qui peut entraîner bien des abus, notamment de la part d'un employeur peu scrupuleux.
Sur un autre plan, je trouve choquant que des hebdomadaires publient des listes de ceux qui seraient les « meilleurs » et les « pires » services hospitaliers, en se fondant sur des bases contestables. Comme la presse n'est pas totalement indépendante des pouvoirs d'argent, on peut s'interroger sur le sérieux de ces publications et sur leur impact : je crains un retentissement sur les suites opératoires quand un patient qui vient de se faire opérer de la prostate lit, deux jours plus tard, qu'il aurait mieux fait de s'adresser ailleurs. Ces classements ne me paraissent pas assez contrôlés sur le plan scientifique.
Mon troisième sujet d'inquiétude est la télémédecine. Je suis de ceux pour qui un diagnostic médical est fondé sur l'interrogatoire puis l'examen du malade. On ne fait pas un diagnostic par télémédecine sans risque d'erreurs, erreurs qui peuvent être très graves. La télémédecine doit être beaucoup mieux encadrée, et si, à l'heure de la désertification médicale, ce peut être un outil complémentaire, ce ne peut en aucun cas être l'alpha et l'oméga de la médecine de demain.
Enfin, nous avons adopté le principe de l'aide au répit pour les aidants familiaux des patients atteints de la maladie d'Alzheimer, mais nous ferions bien, comme vous l'avez indiqué, de nous occuper des soignants dont on sait que l'état sanitaire laisse à désirer, y compris pour la vaccination : ainsi, combien de chirurgiens sont vaccinés contre l'hépatite B ? Surtout, j'aimerais savoir quel est le véritable nombre de suicides chez les médecins : il est très certainement supérieur au nombre officiel, déjà effarant, en raison d'une certaine habileté professionnelle à faire la chose discrètement. La question mérite que l'on s'y intéresse, de même qu'aux cas de burn out, comme vous l'avez opportunément indiqué.