Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 25 janvier 2017 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Les propos rapportés, ainsi interprétés, ont provoqué une émotion compréhensible au Maroc. Cette mise au point est donc bienvenue, d'autant que, dans le rapport d'information comme dans votre commentaire oral, vous avez souligné, comme je l'ai fait, combien avait été courageux le discours à la nation prononcé par le roi du Maroc le 20 août dernier.

Nous en venons maintenant à notre ordre du jour, qui nous donne le plaisir d'accueillir, pour une audition ouverte à la presse, M. Bruno Foucher, président de l'Institut français. Nous le connaissons bien car il était précédemment ambassadeur en Iran ; il est devenu le quatrième président de l'Institut français il y a près d'un an, après le décès du regretté Denis Pietton, dont la présidence fut brève. Ces circonstances expliquent le temps qui aura été nécessaire pour définir le nouveau contrat d'objectifs et de moyens (COM) qui structurera l'action de l'Institut français pendant trois ans.

Si notre commission a longuement débattu de l'opportunité du rattachement des établissements du réseau culturel à l'Institut français, nous reconnaissons tous que la création de l'Institut a constitué une étape très constructive ; c'est un très bel outil qu'il nous apparaît nécessaire de conforter autant que possible. Cela justifie les inquiétudes publiquement exprimées à propos de la baisse drastique et continue de ses moyens, notamment dans le cadre de l'examen des projets de loi de finances.

Le projet de COM s'inscrit dans une contrainte budgétaire très forte que traduit un certain vocabulaire – rationalisation, synergies, mutualisation, partenariats, ressources propres… – dont nous connaissons les limites. Ce projet maintient l'universalité des missions en privilégiant un double axe d'action, l'appui au réseau et la programmation, et en insistant sur la mobilité, le numérique et la traduction, tous volets illustrant la plus-value qu'apporte l'Institut français. La différence avec le précédent COM tient à l'inscription formelle des principes de concentration des moyens sur des axes prioritaires et d'adaptation en fonction des pays.

La contrainte budgétaire obligeant à des choix, on en vient à une structuration en trois étages : une politique d'accompagnement du réseau ; des projets relatifs à des thèmes prioritaires, dans une dynamique régionale, pour des pays figurant dans des zones géographiques stratégiques – je note que les Balkans occidentaux y figurent, ce qui est une excellente chose ; enfin, un contrat cadre triennal d'action pour 39 pays prioritaires « à partenariats de long terme », qu'ils soient prescripteurs, émergents, en développement ou à haut enjeu politique. On souhaiterait évidemment pouvoir allonger cette liste mais, au regard du potentiel de nos instituts et alliances et des considérations politiques qui doivent primer, les choix faits me paraissent judicieux.

Bien que le budget du ministère de la culture et de la communication ait augmenté, sa dotation n'est toujours pas inscrite dans le projet de COM. Parviendra-t-on enfin à une contribution satisfaisante de ce ministère qui exerce désormais la cotutelle sur l'Institut français ? Le partenariat avec ce ministère vous permet-il de répondre à l'objectif de mise à disposition de la connaissance de la scène culturelle et artistique française ? Avez-vous réussi à préserver de manière satisfaisante les programmes de mobilité avec la rive sud de la Méditerranée ? Présidente de la Fondation Anna Lindh pour le dialogue des cultures, je suis convaincue qu'il est indispensable de maintenir la mobilité entre les deux rives ; au moment où, comme elle le doit, l'Union européenne renforce les contrôles à ses frontières extérieures pour des raisons de sécurité, il faut ouvrir des portes légales, et l'Institut français en est une. Enfin, quelle part du budget de l'Institut sera consacrée à la politique du livre et au soutien au cinéma, notamment étranger ?

Monsieur Foucher, vous avez la parole. Après votre audition, comme la loi sur l'action extérieure de l'État le lui permet, la commission donnera son avis sur le projet de COM.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion