J'ai fait valoir, lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2017, la remarquable vitrine qu'est l'Institut français pour notre pays et son importance pour notre rayonnement culturel et intellectuel dans le monde. Nul autre que nos entreprises et que nos instituts culturels, Alliances françaises comprises, ne peuvent donner une meilleure image de la France à l'étranger, je l'ai constaté en plusieurs lieux. Un exemple parmi tant d'autres : il n'y a plus un seul cinéma à Dakar sinon celui de l'Institut français, et il attire évidemment une affluence considérable.
Si la démonstration de l'utilité de ce réseau n'est plus à faire, son budget n'est pas à la hauteur des missions qui lui sont assignées. Au sein du budget, honorable, de l'action culturelle extérieure de la France en général, celui de l'Institut français n'est pas sorti gagnant des arbitrages. Le fait que les crédits destinés à sécuriser ses établissements à l'étranger bénéficient cette année d'une ligne spécifique non négligeable ne suffit pas. Dans ces conditions, tous les agents impliqués dans les missions de l'Institut français ont un mérite exceptionnel: ils accomplissent un travail extraordinaire avec de bien pauvres moyens.
Je tiens aussi à souligner les limites du mécénat. J'étais à New York lorsque la directrice de l'Alliance française a organisé un grand dîner destiné à lever des fonds ; en rassemblant tout ce que New York compte de mécènes francophiles, elle a collecté en une soirée une somme considérable. Mais qui imagine parvenir à semblable résultat lors d'un dîner organisé dans le même but à Bamako ? Quel équilibre trouver, si l'on privilégie cette source de recettes, entre les pays riches et ceux qui n'ont pas assez d'argent pour promouvoir leur propre culture ?
Enfin, il est particulièrement décevant que le ministère de la culture et de la communication, qui exerce désormais la cotutelle de l'Institut français et dont le budget est en hausse de 5 % et que le ministère de l'Éducation nationale, alors qu'il en va de l'enseignement du français à l'étranger, traînent les pieds et ne participent pas au-delà du symbole à l'action culturelle extérieure menée par le ministère des affaires étrangères. Je continuerai de me battre pour qu'il en aille autrement en cours d'exercice budgétaire ; mieux vaudrait renoncer à la tutelle partagée que l'exercer de manière dommageable pour l'Institut français, et donc pour l'image extraordinaire qu'il donne de la France à l'étranger.