Nous suivons et approuvons vos travaux, monsieur le président, et je partage le point de vue de M. François Loncle, mais la politique française me paraît teintée de schizophrénie. D'une part, l'Institut français mène l'action que vous avez décrite, d'autre part, les pouvoirs publics méprisent notre langue. Ainsi, dans les institutions de l'Union européenne, nos propres diplomates et les fonctionnaires de nationalité française foulent aux pieds les usages en n'utilisant pas le français – il y a quelques jours encore, l'un des collaborateurs de M. Michel Barnier m'a donné sa carte de visite, qui était écrite en anglais seulement ! Je propose une rédaction en français et en arabe – cela montrera les enjeux du monde à venir ! (Mouvements divers). Comment expliquer que tous les panneaux dressés sur l'esplanade des Invalides lors d'une exposition sur la technologie française aient été rédigés uniquement en anglais ? Si nos propres ministres, de toutes couleurs politiques, ne parviennent pas à comprendre qu'utiliser sa langue c'est ouvrir un portail économique, on peut tirer le rideau ! Et encore : est-il acceptable que l'avance sur recettes soit allouée à des cinéastes qui réaliseront des films en anglais ? Que la main droite ignore ce que fait la main gauche est la preuve d'une incohérence majeure des politiques publiques ; cela doit cesser.
Quels sont les liens entre l'Institut français et la chaîne de télévision France 24, qui fait un excellent travail ? Vous avez évoqué un projet franco-allemand de recherche des « entrepreneurs de demain » en Afrique ; je vous incite à une grande vigilance, car l'Allemagne a une puissance de mobilisation en matière économique que nous n'avons pas et tout porte à croire que ce type de partenariat risque de se faire à son bénéfice plutôt qu'à celui de la France.
Je préférerai que le premier objectif de l'Institut français, tel que défini dans le COM, soit de « développer l'influence et l'attractivité de la France par sa langue et sa culture » – dans cet ordre, car je tiens que la langue est l'ouverture d'un portail culturel et économique.
Enfin, vous désignez enfin Israël comme « pays prescripteur », autrement dit, comme chef de file au Moyen Orient. Certes, la francophonie se porte très bien en Israël, mais vous paraît-il véritablement judicieux, sur le plan géostratégique, de qualifier ainsi ce pays dans cette région ? Vous avez notre soutien, monsieur le président, mais nous devrons nous battre car nous semblons parfois marcher sur la tête.