Intervention de Christophe Gurtner

Réunion du 8 février 2017 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Christophe Gurtner, président-directeur général de Forseepower :

Notre problème majeur aujourd'hui, c'est le recrutement puisque nous avons embauché seulement la moitié des ingénieurs dont nous avons besoin. Une quinzaine de postes sont ainsi ouverts depuis six à neuf mois, et nous ne parvenons pas à les pourvoir. En outre, la moitié des personnes que nous avons recrutées ne sont pas de nationalité française. Nous avons pris en effet la décision d'aller chercher les compétences là où elles se trouvent car nous avons besoin d'avancer.

Aujourd'hui, il n'y a donc pas assez de gens formés en France. La filière est assez faible, contrairement à ce qui existe en Allemagne. Nous avons moins de difficultés à trouver des débutants dans des universités ou des écoles d'ingénieurs, mais comme l'Europe a un peu de retard et que nous avons besoin de le rattraper et de franchir un certain nombre de seuils et d'étapes nouvelles, nous recherchons plutôt des personnes ayant déjà au moins cinq ans d'expérience. Nous travaillons avec Advancity et le professeur Jean-Marie Tarascon sans pour le moment être membres de l'IFSE.

S'agissant du financement, pour qui nous concerne, nous nous autofinançons. Depuis notre création, nous n'avons jamais reçu de support public, quelle que soit la législature. Nous le regrettons, mais c'est ainsi. Et cela ne nous empêche pas d'avancer.

Ni la France, ni l'Europe n'ont la taille critique en ce qui concerne le marché. Nous sommes obligés de penser nos produits, nos marchés, notre organisation, notre stratégie au niveau global parce que nos grands concurrents sont asiatiques ou allemands. Si nous étions une start-up financée par des crédits et si nous n'apportions que des solutions technologiques d'avenir, nous vivrions peut-être de financements publics. Mais comme nous avons largement franchi ce cap et que nous travaillons avec les grands acteurs mondiaux, nous devons avoir une dimension mondiale et une capacité à fournir des produits performants avec un coût le plus bas possible. Nous devons accepter cela, même si notre sanctuaire est bien évidemment la France et que nous espérons y obtenir les parts de marché les plus importantes possibles.

Vous nous demandez s'il est possible de basculer vers le bus électrique à l'horizon de quatre ans : ce délai est un peu court. Les cycles industriels des fabricants de véhicules sont supérieurs à cette échéance. En Europe, on n'a probablement pas cru à temps au basculement vers l'électrique, contrairement à certains pays asiatiques. Les Allemands y ont cru encore moins que nous – ils ont plutôt cru au diesel, à l'hybride. Il paraît donc difficile de basculer en quatre ans vers l'électrique, car cela reviendrait à demander aux Asiatiques d'apporter les solutions que nous essayons de mettre en place nous-mêmes en Europe. Ce type de basculement pourra donc intervenir plutôt à l'horizon de dix ans.

Aujourd'hui, il est clair que s'il est possible de parcourir de grandes distances avec un véhicule entièrement électrique, le coût reste très élevé. Il convient donc de réfléchir à des solutions hybrides – batterie et moteur à combustion ou piles à combustible. L'hybridation est une vraie solution. En revanche, il est dorénavant possible de relier deux villes distantes de deux cents à trois cents kilomètres en utilisant un véhicule entièrement électrique.

Enfin, nous avons des systèmes de supercondensateurs, le condensateur lithium, évolution plus récente du supercondensateur – il a les mêmes caractéristiques que le condensateur mais apporte plus d'énergie. En effet, le supercondensateur, c'est de la puissance, pas de l'énergie. En fait, ce qu'il faut aujourd'hui, c'est un ensemble de briques technologiques qui vont de la puissance vers l'énergie. Par exemple, pour faire marcher un tramway qui traverse le centre historique d'une ville sur cinq cents mètres, on peut utiliser un condensateur lithium, qui apportera la puissance nécessaire sur une courte distance. Pour parcourir cinq kilomètres, il faudrait une batterie au lithium.

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