Intervention de Vincent Mages

Réunion du 8 février 2017 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Vincent Mages, directeur adjoint des affaires européennes et internationales d'Air Liquide :

Les véhicules hybrides ou à hydrogène, c'est déjà la réalité : les taxis Hype qui circulent dans Paris ont une autonomie de cinq cents kilomètres et n'émettent pas de particules.

Il faut penser à construire des modèles aussi bien pour 2030 ou 2050 – c'est le modèle ultime – que pour demain – c'est le modèle de transition. Ne penser qu'au modèle de 2050, ce fameux modèle d'un monde décarboné, comme certains le proclament trop souvent, nous laisse un peu pantois pour demain matin. Il existe aujourd'hui des modèles de mobilité propre acceptables par rapport aux enjeux de pollution actuels, mais qui ne sont pas forcément décarbonés. Il faut préparer dès aujourd'hui la seconde étape mais accepter de ne la mettre en place qu'après-demain parce qu'elle n'est pas encore prête économiquement.

Il faut aussi penser à l'aménagement du territoire. Il est évident que les villes se transforment – on le voit avec Paris. De même, le rapport entre le territoire urbain et le monde rural doit évoluer. Aujourd'hui, lorsque l'on parle économie, on pense à la sidérurgie, à telle autre industrie « classique ». Mais on peut penser aussi à la filière énergies propres où l'on transforme l'énergie électrique des éoliennes en gaz hydrogène que l'on peut ensuite transporter par pipeline, jusqu'à des stations. Cela fait intervenir différents acteurs : des énergéticiens, des industriels qui feront des électrolyseurs, des transformateurs, etc. Puisque les modèles évoluent, il faut que les pouvoirs publics et les entreprises changent de paradigme. Ce n'est pas si compliqué : cela implique une lecture différente du sujet et d'accepter de travailler ensemble, de manière collective et parfois concurrentielle, sur cette filière. Dans ce contexte, la bonne échelle n'est certainement pas l'échelle française, mais plutôt a minima l'échelle européenne, et bien évidemment internationale. Et dans cette logique, il ne faut pas être naïf : il y aura une course de concurrence entre les différentes régions du monde. Il faut donc que l'Europe soit solidaire et forte sur ces sujets pour défendre des standards correspondant à son innovation, contre des solutions poussées par d'autres régions du monde. L'enjeu est majeur : celui qui définit le standard ou la norme définit ensuite beaucoup de choses.

Bien évidemment il faut encourager la relation public-privé. Ce n'est pas seulement une question d'argent. L'innovation ne s'arrête pas à la recherche-développement : il faut déployer de manière intelligente et différente ce que l'on sait faire aujourd'hui.

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