Intervention de Philippe Cochet

Réunion du 15 février 2017 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Cochet, président de la mission d'information :

Il y a un peu moins d'un an, la présidente de notre commission, Elisabeth Guigou, de retour d'un déplacement en Côte d'Ivoire, proposait la création d'une mission d'information sur ce pays. Cela partait du constat qu'après la décennie agitée de la crise ivoirienne, la Côte d'Ivoire était un peu sortie du radar des travaux de notre commission. En quelque sorte, nous en étions restés au clivage Laurent GbagboAlassane Ouattara.

Pourtant, aujourd'hui, on nous présente de plus en plus la Côte d'ivoire comme la nouvelle locomotive de l'Afrique de l'ouest. Qu'en est-il vraiment ?

C'est la question à laquelle les membres de la mission ont tenté de répondre. En toute honnêteté, nous devons dire que, lorsque la mission a été constituée, nous étions loin de soupçonner la difficulté du travail qui nous était demandé.

En effet, la Côte d'Ivoire est un pays de contrastes et de mélanges, qu'il est bien difficile de dépeindre et de résumer dans un rapport.

Un pays de contrastes, entre le miracle ivoirien des années 1960-1970 et la chute continue des années 1990 et 2000, avec l'enchaînement des crises économique, politique et militaire.

Un pays de mélanges, entres les ethnies extrêmement variées que l'on y trouve. La Cote d'Ivoire, a en effet, la particularité d'être au carrefour de quatre grands groupes ethniques, les akans au sud-est, les krous au sud-ouest, les mandingues au nord-ouest et les voltaïques au nord-est. Ces mélanges sont religieux aussi : le pays compte des proportions à peu près équivalentes d'animistes, de musulmans et de chrétiens, eux-mêmes plus ou moins teintés d'animisme.

Un pays de contrastes, entre les taux de croissance flatteurs qu'il connaît et la persistance d'une pauvreté massive, qui place la Côte d'Ivoire au 172ème rang mondial (sur 188) en termes d'indice de développement humain (IDH).

Un pays de mélanges, puisqu'il a, de longue date, été une terre d'immigration avec une tradition de vivre-ensemble qui semble avoir forgé un sentiment national bien réel, mais aussi des logiques ethnico-régionales qui demeurent lourdes.

Par ces quelques grandes idées, je souhaite vous montrer qu'il n'est pas évident de trouver le ton juste pour parler de la Côte d'Ivoire, et cela d'autant moins que les positions sur le sujet sont généralement très tranchées.

Nous nous sommes donc efforcés, à travers notre rapport, d'être aussi justes et balancés que possible, et nous espérons y être parvenus.

Que penser de la Côte d'Ivoire au début de l'année 2017 ?

On ne peut répondre à cette question sans prendre en compte le point de départ. Pour nous, le point de départ est 2011. Le pays sort alors de douze années d'une crise profonde qui l'ont vu coupé en deux, entre un nord occupé par les rebelles des Forces nouvelles favorables à Alassane Ouattara, et un sud contrôlé par le Président Laurent Gbagbo. Cette crise était politique, militaire mais aussi morale. Pendant douze ans, le non-droit et l'impunité se sont installés dans le pays. Des milliers de personnes sont mortes ou ont été victimes d'exactions ; les Ivoiriens en portent encore aujourd'hui les stigmates.

La crise ivoirienne avait officiellement débuté avec le coup d'Etat du Général Gueï contre le Président Henri Konan Bédié, en 1999. En réalité, elle était en germe depuis la mort, en 1993, du Président Houphouët-Boigny, le père de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, « le vieux », comme l'appelaient affectueusement les Ivoiriens. Sa disparition avait entrainé une crise de succession en partie à l'origine de la glissade des années 2000.

Ces évènements avaient aussi été précédés, à partir des années 1980, d'une grave crise économique. Cette crise avait remis en question le modèle ivoirien fondé sur la redistribution d'une rente abondante tirée de l'exportation de cultures de plantation comme le cacao et le café. Le retournement des cours mondiaux, dans les années 1980, avait ainsi profondément perturbé les grands équilibres socio-économiques du pays.

Tout cela pour vous dire qu'en mai 2011, lorsque le Président Ouattara, nouvellement élu, prend officiellement ses fonctions, au terme d'une crise post-électorale d'une rare violence, la Côte d'Ivoire va donc bien mal.

A la lumière de ce bref éclairage historique, que dire de la Côte d'Ivoire six ans après la fin de la crise ? L'impression que nous avons retirée de nos travaux est à l'image de ce pays : contrastée.

D'un côté, on a le sentiment d'un écart important entre le pays réel et l'image qu'en donnent les médias, bien que cet écart se soit peut-être en partie résorbé ces dernières semaines.

Le miracle ivoirien qu'on nous donne à voir est, dans une certaine mesure, bien réel. La Côte d'Ivoire a des atouts solides, à commencer par son agriculture puissante et diversifiée.

En effet, elle a su tirer parti de ses sols variés et fertiles pour conquérir un rôle mondial dans la production du cacao, dont elle est, loin devant le Ghana, le premier producteur, mais aussi de l'anacarde, de l'hévéa, des fruits tropicaux, de l'huile de palme et j'en passe.

La Côte d'Ivoire a aussi un stock d'infrastructures parmi les plus développés de la région, avec deux ports d'envergure mondiale, San Pedro et Abidjan, un aéroport international et cinq aéroports nationaux et un réseau routier relativement développé.

Le pays dispose également d'un potentiel minier et énergétique non négligeable et encore assez peu exploité : pétrole et gaz naturel off-shore, manganèse, or, diamant, hydroélectricité, etc.

Enfin, la Côte d'Ivoire a une remarquable ouverture aux nouvelles technologies, dont les Ivoiriens sont très friands, et qui présentent des opportunités considérables pour accélérer le développement du pays.

Depuis 2012, ces atouts paraissent intelligemment mis en valeur. Tous les indicateurs semblent au vert. Le taux de croissance a été en moyenne de 9% par an. Des investissements publics considérables permettent de moderniser et d'étendre les infrastructures du pays. La Côte d'Ivoire bénéficie d'un soutien massif de la communauté internationale, qui reprend ses quartiers à Abidjan, à l'image de la Banque africaine de développement (BAD). L'environnement des affaires s'est amélioré et l'on observe un retour en force des investisseurs privés qui font, de plus en plus, d'Abidjan une plate-forme pour leurs opérations dans la région. A cet égard, l'ouverture par Carrefour de son premier hypermarché en Afrique subsaharienne à Abidjan fin 2015 était tout un symbole.

Par ailleurs, lorsque l'on s'intéresse au pays, on est frappé par le dynamisme de l'équipe dirigeante conduite par le Président Ouattara. Indéniablement, il fait preuve d'une réelle ambition pour réformer et moderniser le pays. Pour y parvenir, il s'est entouré d'hommes de confiance, à l'image de son vice-président, auparavant Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, et du nouveau Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly. Ces derniers sont perçus comme de bons gestionnaires. Au total, la gestion économique ivoirienne jugée intelligente et prudente par les agences de notation et par les bailleurs, notamment le Fonds monétaire international (FMI), dont le Président Ouattara est issu.

En un mot, la Côte d'Ivoire donne l'impression d'être gouvernée. Et ses dirigeants ont fixé un cap, très ambitieux : celui de l'émergence en 2020.

Et pourtant, on constate que le miracle ivoirien n'est pas encore une réalité pour la majorité de la population, dont 46% reste en-dessous du seuil de pauvreté. Les inégalités sociales et territoriales sont immenses et semblent s'être accrues. En-dehors d'Abidjan, dans les campagnes et dans certaines villes du pays, à l'image de Bouaké, la deuxième ville, la pauvreté demeure massive. Près de 40% de la population n'est pas raccordée à l'eau potable ni à l'électricité. La Côte d'Ivoire connaît des taux de mortalité maternelle et infantile parmi les plus élevés au monde. Globalement, de nombreux Ivoiriens ont le sentiment que leurs conditions de vie ne s'améliorent pas. Ils voient l'image qui est donnée de leur pays dans la presse internationale et ils protestent : « vous faites des routes, vous faites des ponts, mais les Ivoiriens ne mangent pas de béton ».

La première urgence pour le Président Ouattara est donc celle du développement.

En bon économiste, il a bien pris en compte les enjeux économiques de la diversification et de la montée en gamme de l'économie. Les dirigeants s'appliquent notamment à développer la transformation des produits agricoles. Ces évolutions sont indispensables pour rendre la croissance durable et créatrice d'emplois.

Mais pour y parvenir, la Côte d'Ivoire devra attirer davantage les investisseurs privés, qui restent prudents en raison d'un environnement des affaires encore compliqué. Pour le moment, le pays occupe le 142ème rang sur 190 dans le classement Doing Business. Les autorités devront donc encore progresser, notamment pour améliorer la fiscalité et réduire la corruption, dont de nombreux interlocuteurs nous ont dit qu'elle avait atteint un niveau problématique.

Les dirigeants devront aussi redoubler d'efforts pour redresser l'éducation. Autrefois réputé, le système éducatif ivoirien a fortement pâti des années de crise. Aujourd'hui, il ne répond pas aux besoins. Le problème de l'emploi des jeunes est massif : ils sont souvent au chômage ou cantonnés dans des petits boulots informels et peu productifs, sans réelle perspective d'évolution. Dans le même temps, les entreprises installées en Côte d'Ivoire disent ne pas parvenir à recruter des jeunes avec les compétences adaptées. Comme nous le disait un chef d'entreprise, « en Côte d'Ivoire il est plus facile de recruter un doctorant que de trouver un plombier zingueur ». La Côte d'Ivoire devra donc mettre l'accent sur la formation professionnelle.

L'éducation est un enjeu d'autant plus urgent que la jeunesse ivoirienne est nombreuse et appelée à s'accroître fortement au cours des prochaines décennies. Aujourd'hui, 60% des Ivoiriens ont moins de 25 ans. Si la natalité ivoirienne n'atteint pas les taux record que l'on connaît dans le Sahel, elle est tout de même de plus de 4 enfants par femme et ne connaît pas de réel infléchissement.

A l'heure actuelle, les jeunes Ivoiriens ont du mal à s'intégrer ; leurs repères ont été bouleversés par la crise qui a banalisé l'usage de la violence. Il est donc urgent de fournir des perspectives à ces jeunes qui, à défaut, pourraient se mobiliser, pour le meilleur et pour le pire.

Autre domaine où il semble impératif de progresser encore : celui de la réconciliation nationale. Comme vous le savez, pendant la crise, les Ivoiriens se sont divisés en deux camps, les « pro-Ouattara » et les « pro-Gbagbo ». En avril 2011, le Président Gbagbo a été arrêté, puis transféré à La Haye pour être jugé pour crimes contre l'humanité devant la Cour pénale internationale. Vous trouverez dans le rapport un point sur le procès qui promet d'être long. A l'heure actuelle, une partie importante des partisans de Laurent Gbagbo refusent de participer au jeu politique. Ils contestent encore la légitimité du Président Ouattara et demandent la libération immédiate de leur leader.

L'emprisonnement de ce dernier, de même que le procès de Simone Gbagbo, alimente la thèse d'une « justice des vainqueurs ». Seuls les partisans du camp « pro-Gbagbo » seraient inquiétés pour leur rôle pendant la crise ivoirienne alors que des exactions ont été commises dans les deux camps. Sans entrer dans ce débat qui outrepasse les compétences de cette mission, nous constatons que de nombreux partisans de Laurent Gbagbo – plus de deux cent, selon les chiffres qui nous ont été donnés – sont encore aujourd'hui en détention provisoire.

Par ailleurs, environ 40.000 Ivoiriens qui s'étaient réfugiés dans les pays voisins lors de la crise post-électorale de 2011 se trouvent toujours en exil, majoritairement au Ghana et au Libéria. Ces réfugiés sont essentiellement des « pro-Gbagbo », qui refusent de rentrer de peur de subir des représailles ou d'être inquiétés par la justice, ou encore parce qu'ils ont perdu leurs biens et leurs terres. La persistance de ce problème six ans après la crise tend à alimenter les rancoeurs et divisions entre les Ivoiriens.

Cette situation a évidemment un fort retentissement sur la vie politique ivoirienne. Les résultats des élections suggèrent un fort soutien à la majorité du président Ouattara, qui s'appuie sur une alliance entre son parti, le Rassemblement des Républicains (RDR), et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ancien Président Henri Konan Bédié. Le Président Ouattara a été réélu en 2015 avec 84% des suffrages et sa majorité a remporté 167 sièges sur 255 lors des élections législatives de décembre dernier.

Pourtant, ce constat est nuancé par la faiblesse de la participation politique et l'élection de nombreux élus indépendants : 75 au total.

Quant à l'opposition, elle est quasiment inexistante en Côte d'Ivoire : le Front populaire ivoirien (FPI), le parti historique du Président Gbagbo, conduit par Pascal Affi N'Guessan, n'a remporté que 3 sièges lors des dernières élections législatives. Cette absence d'opposition nuit évidemment au bon fonctionnement de la démocratie ivoirienne.

Les dirigeants ivoiriens vont donc devoir poursuivre leurs efforts pour se réconcilier avec l'ancien camp dit « pro-Gbagbo », et réciproquement. Pour cela, il faut que la justice fasse son oeuvre et qu'elle tombe des deux côtés. De ce point de vue, le rapport comporte un certain nombre de constats sur la nécessité d'accroître l'indépendance et l'efficacité de la justice.

Il faudra aussi que les dirigeants ivoiriens trouvent le moyen de créer un jeu politique plus inclusif, où les oppositions peuvent s'exprimer et peser. On peut espérer que la réforme constitutionnelle adoptée en septembre dernier apportera certaines améliorations. Elle prévoit notamment la création d'un Sénat chargé de représenter la Côte d'ivoire « dans sa diversité ». Deux tiers de ses membres seront élus par les collectivités locales et le dernier tiers sera nommé par le Président, qui a laissé entendre que des personnalités de l'opposition y auraient leur place.

Les dirigeants ivoiriens devront aussi veiller à ce que toutes les ethnies se sentent représentées et participent à la construction du pays. Il s'agit ici de prévenir les phénomènes de repli ethnique et d'ostracisme qui ont fait sombrer la Côte d'Ivoire dans les années 2000.

Le maintien d'une situation sécuritaire stable est un autre enjeu de taille pour la Côte d'Ivoire. En mars dernier, l'attentat de Grand Bassam a montré que le pays était vulnérable à la menace terroriste. Même si cette menace semble pour le moment provenir plutôt de l'extérieur du pays, des prémices de radicalisation ont été observés et la Côte d'Ivoire doit se prémunir contre l'implantation de filières locales.

De manière tout aussi urgente, la stabilité de la Côte d'Ivoire dépend de son aptitude à réformer ses forces armées et de sécurité dont les capacités et la cohésion ont été fortement ébranlées par la crise.

A partir de 2012, le Président Ouattara avait fait preuve d'un certain volontarisme dans ce domaine en adoptant plusieurs réformes ambitieuses, avec notamment la création d'un Conseil national de sécurité réuni chaque semaine autour du Président et le vote d'une loi de programmation militaire.

Dans un premier temps, la normalisation de la situation sécuritaire a laissé penser que ces réformes portaient leurs fruits. Mais les récentes mutineries des militaires ont montré que le chemin à parcourir était encore long. Elles ont mis en lumière les dysfonctionnements de la chaine de commandement et le manque persistant cohésion de ces forces, six ans après la crise. De plus, ces mutineries se sont soldées par l'octroi de primes d'un montant considérable qui risquent de grever le budget de la défense.

A l'heure actuelle, la réforme de l'armée semble freinée par l'influence persistante des com'zones dans le dispositif sécuritaire ivoirien. Ces com'zones étaient les chefs militaires des rebelles du nord lors de la crise ivoirienne. Au nombre de dix, ils régnaient chacun sur un territoire dont ils contrôlaient à la fois les hommes et les ressources. Le Président Ouattara a cherché à réduire leur influence depuis, mais ces com'zones sont revenus au premier plan lors des récentes mutineries, qui ont conduit à nommer certains d'entre eux à des postes de premier plan.

La réforme du secteur de la sécurité est donc un chantier important. Et il est d'autant plus urgent que la Côte d'Ivoire a connu, au cours des derniers mois, une agitation sociale croissante, mélange d'expressions spontanées de la population, de grèves et manifestations dans la fonction publique et d'activisme au sein des universités. Il faut donc absolument éviter qu'une agrégation des mécontentements ne puisse remettre en cause la stabilité du pays.

Une autre question de fond n'a pas encore été vraiment traitée par les dirigeants ivoiriens, celle de la réforme du foncier rural, qui était l'une des causes profondes de la crise ivoirienne. Pour développer l'économie de plantation du pays, le président Houphouët-Boigny avait encouragé la colonisation agraire de la zone forestière ivoirienne, au centre puis à l'ouest et au sud-ouest. Il avait posé un principe : la terre appartient à celui qui la cultive.

Dès lors, de nombreux migrants allochtones (d'une autre région de la Côte d'ivoire) ou allogènes (d'un autre pays) avaient défriché la zone forestière ivoirienne et y avaient installé des plantations. Cependant, avec la crise économique, les populations autochtones ont revendiqué leur droit de propriété sur les terres.

Ce contexte de rivalité pour l'accès aux terres a favorisé le repli ethnique des Ivoiriens et la montée de la thèse de l'« ivoirité » qui conduisait à exclure de nombreux migrants stigmatisés comme « étrangers ». Aujourd'hui, les étrangers représentent 25% de la population ivoirienne et le problème de l'attribution de la propriété foncière reste entier. Ce sujet est d'une grande sensibilité et n'a pas encore été réglé par les dirigeants ivoiriens.

Que conclure de cette présentation ? J'emprunterais les termes de Serge Michailof en disant que la Côte d'Ivoire se trouve aujourd'hui « comme un cycliste sur une ligne de crête ». Ce pays recèle un immense potentiel, une formidable énergie qui peuvent le mener loin, et tirer avec lui l'Afrique de l'Ouest. Cependant, les défis sont nombreux, et supposent une ambition réformatrice généralisée et constante. Notre partenariat avec la Côte d'Ivoire doit s'inscrire dans cet objectif de moyen terme qu'est l'émergence de la Côte d'Ivoire ; je vais laisser notre rapporteure vous en dire plus à ce sujet.

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