Intervention de Joaquim Pueyo

Réunion du 14 février 2017 à 16h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoaquim Pueyo, co-rapporteur :

L'Union européenne s'est longtemps désintéressée du Sahel. Très pauvre, il ne représentait pas un marché important ni, sauf pour l'uranium, un fournisseur incontournable pour les entreprises européennes. En outre, les pays de la région ont connu, comme malheureusement bien des pays africains, leur lot de troubles intérieurs et de guerres mais rien qui ne menaçait la sécurité de l'Union. Au final, la seule politique européenne mise en oeuvre au Sahel était l'aide au développement, dont l'Union est le premier bailleur mondial.

Toutefois, à compter des années 2000, le Sahel est devenu une poudrière, alimentée par des groupes terroristes comme AQMI, des trafiquants de drogues et des rebelles Touaregs réclamant l'autonomie politique aux États de la région. L'ensemble de ces éléments a contribué à affaiblir des États déjà faibles, marqués par la corruption et la mauvaise gouvernance, aux populations pauvres et à la jeunesse nombreuse, peu éduquée et sans perspective économique.

C'est dans ce contexte que se sont déclenchés les Printemps arabes qui ont abouti, s'agissant de la Libye, à la chute de Kadhafi et à la désintégration du pays devenu le vaste « trou noir » qu'il est encore aujourd'hui. Sans revenir sur le déroulement de celle-ci, il est fondamental de rappeler que l'impact de cette guerre sur les États du Sahel a été considérable et qu'elle explique pour une large part l'aggravation des difficultés que connaissaient ces derniers.

En effet, la guerre en Libye a entraîné le pillage des très importants stocks libyens d'armes, lesquels se sont ensuite disséminés dans l'ensemble de la région avec le retour, dans leur pays d'origine, des combattants mobilisés pendant la guerre en Libye. C'est notamment le cas des Touaregs. Tous les groupes terroristes, en particulier AQMI, ont par ailleurs bénéficié de cet afflux d'armes et de combattants pour se renforcer dans la région.

Confrontée à la dégradation rapide de la situation dans le Sahel, l'Union européenne en a tiré les conséquences dans une Stratégie rendue publique en mars 2011 : la « Stratégie pour la sécurité et le développement du Sahel ». Celle-ci est importante à un double titre, par le lien qu'elle établit entre des enjeux jusqu'à présent traités distinctement :

– d'une part, elle fait le lien entre la sécurité et le développement ;

– d'autre part, elle fait le lien entre la stabilité de la région et la sécurité de l'Union européenne.

Cette stratégie, qui identifie la Mauritanie, le Mali et le Niger comme étant les principaux pays du Sahel, propose par conséquent une réponse globale aux défis auxquels est confrontée cette région, laquelle suppose une plus grande cohérence et coordination dans ses différents outils d'intervention (financier, économique, développement, civil et militaire).

Cependant, à peine la Stratégie a-t-elle été publiée que la chute du régime libyen, en octobre 2011, a directement compromis la réalisation de son objectif de prévention de toute détérioration politique, sécuritaire et humanitaire dans le Sahel. Le Mali symbolise plus particulièrement l'insuffisance de la Stratégie européenne. En effet, renforcé par les armes et les combattants de Libye, le groupe islamiste Ansar Eddine a repris l'offensive en janvier 2013, brisé les lignes maliennes et progressé rapidement vers Bamako.

S'appuyant sur la résolution no 2085 du Conseil de sécurité des Nations-Unies du 20 décembre 2012, la France a déclenché l'opération Serval qui a réussi à repousser les islamistes au Nord et à reconquérir une large partie du territoire malien. Cette décision du Président de la République, M. François Hollande, a selon toute probabilité éviter que le Mali ne tombe entre les mains des djihadistes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion