Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, chers collègues, nous étudions aujourd’hui des propositions de résolution sur la place des sciences et du progrès dans notre République. Elles ont été déposées par trois groupes parlementaires : le groupe radical, républicain, démocrate et progressiste, le groupe socialiste, écologiste et républicain, et le groupe Les Républicains. Autant dire que le sujet semble faire consensus sur les bancs de l’Assemblée nationale.
La proposition de résolution, que j’ai déposée avec plusieurs de mes collègues du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste, vise à redonner à la science toute la place qu’elle est censée occuper au sein de notre République. Effectivement, on constate aujourd’hui un climat de défiance croissant vis-à-vis des institutions scientifiques et des savants.
On l’a vu tout au long de la législature lors des débats qui ont animé de grands sujets de société ou soulevé des questions de bioéthique : la procréation médicalement assistée, la gestation pour autrui, la fin de vie dans la dignité, le clonage ou la recherche sur les cellules-souches embryonnaires, pour ne citer que quelques thèmes. Force est de constater que les opposants à l’interruption volontaire de grossesse auraient aimé imposer un statut à l’embryon, interdisant ainsi le recours à l’IVG, au mépris des règles et définitions acquises par la communauté scientifique.
Il n’y a pas lieu d’ouvrir ici et maintenant un débat sur ces sujets de société, mais souvent l’émotionnel prend le pas sur le rationnel. C’est dans le sens du rationnel, du scientifique, qu’allait la proposition de loi que le groupe des radicaux de gauche et apparentés avait portée en début de cette XIVe législature, et qui visait à autoriser la recherche sur les embryons et les cellules-souches embryonnaires.
Il s’agissait aussi de lever l’hypocrisie d’un régime qui, en pratique, autorisait la recherche, tout en la stigmatisant. En 2010 déjà, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques avait fait valoir qu’il n’était pas pertinent de prôner un interdit tout en organisant les conditions de sa transgression. Désormais, l’Agence de la biomédecine octroie les autorisations de recherche au cas par cas.
Alors qu’on nous prédisait la fin du monde, force est aussi de constater que les scientifiques ont désormais les mains et poings moins liés, qu’ils peuvent mener à bien leurs recherches et que la médecine peut progresser dans ce domaine. La proposition de résolution vient ancrer encore un peu plus l’importance du champ scientifique dans nos institutions.
C’est un signal d’autant plus fort que, outre Atlantique, l’invocation au plus haut niveau de l’État de « faits alternatifs », tant au sujet du maquillage d’événements d’actualité que de recherches scientifiques, fait désormais son chemin.
La question de l’utilité des vaccins ou de l’impact des ondes wifi sur l’organisme mettent en lumière des interrogations, certes légitimes, de nos concitoyens. Plus récemment encore, la mise en service du nouveau compteur d’électricité d’Enedis Linky a soulevé nombre d’interrogations chez les futurs usagers. Mais le rôle d’évaluation de son impact sur la santé revient bel et bien aux scientifiques.