Intervention de Michel Cadot

Réunion du 23 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Michel Cadot, préfet de police de Paris :

Je n'ai pas « réservé » l'intervention à la BRI. Je rappellerai la règle : le déclenchement de la FIPN ne relève pas du préfet de police tout seul ! Cette décision est prise au niveau ministériel. Il faut déclencher la FIPN si, en effet, le dispositif territorial de droit commun, qui prévoit ici l'intervention de la BRI, n'apparaît pas adapté à la nature des risques ou à la nature de l'attaque qu'il faut contenir et réduire.

N'étant pas un spécialiste moi-même de ce type d'intervention, j'écoute, en tant que préfet, mes services spécialisés. Je savais ce qu'était le Bataclan et mesurais bien la complexité d'une progression des forces alors qu'il y avait un très grand nombre d'otages – c'est l'information que nous avions à ce moment-là – et deux ou trois assaillants qui s'étaient réfugiés à l'étage. La BRI est arrivée avec 30 personnes. J'ai tiré de l'analyse de ce qui s'était passé à l'Hypercacher qu'il n'était pas nécessaire d'être quatre fois plus nombreux. Au contraire, le nombre n'est pas nécessairement une garantie d'efficacité. Ce qui en est une, c'est le professionnalisme, la méthode et le choix du moment de l'intervention.

Or l'intervention au Bataclan s'est réalisée sans provoquer aucune victime ; elle a été judicieusement menée et j'en conclus que le choix n'a pas été mauvais et qu'il était même justifié.

À quel moment aurait-il fallu proposer le déclenchement de la FIPN ? Évidemment, s'il y avait eu une deuxième prise d'otages, comme le laissaient craindre des rumeurs qui ont circulé pendant des heures et selon lesquelles il y avait des attaques au Châtelet, à la gare Saint-Lazare, il aurait fallu envoyer le RAID. Et c'est à ce moment que je l'aurais proposé au ministre, pendant que nous continuions à traiter le Bataclan. Voilà quelle était ma conviction. Je n'ai pas ressenti, ensuite, le moindre besoin d'obtenir des moyens supplémentaires sur le site du Bataclan.

C'est pourquoi je suis navré de ces difficultés, que les médias, je pense, ont accentuées. En effet, un accord a été trouvé avec le RAID, arrivé vers 23 heures 10 – après s'être annoncé sur les ondes à 23 heures 03 –, alors que la BRI avait déjà engagé la progression à l'étage. La BRI et le RAID se sont partagé les tâches, la première poursuivant la mission qu'elle avait engagée – elle avait les équipes pour le faire et elle l'a fait très bien – et le second s'occupant du rez-de-chaussée et du sous-sol.

Enfin, les deux forces ne sont pas opposées : elles ont des formations communes ; un médecin du RAID se trouvait dans la colonne et s'est efforcé, avec le médecin de la BRI, de faire sortir un maximum de blessés.

Voici quelle est ma conviction, monsieur le président.

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