Intervention de Michel Cadot

Réunion du 23 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Michel Cadot, préfet de police de Paris :

Pour ce qui est de l'Euro 2016, le premier point concerne la sécurité dans les stades et le dispositif de pré-contrôle et de pré-filtrage. Nous avons adopté ce dispositif dès le lendemain du 13 novembre dans la mesure où il est apparu que, au Stade de France, le schéma de renforcement des précautions et des contrôles avait, dans une large mesure, empêché que les terroristes ne pénètrent dans le stade comme c'était leur projet, même s'il y a eu sans doute des dysfonctionnements dans l'organisation de leur attaque. Depuis, nous avons mis en place, et nous allons l'appliquer au Parc des Princes et au Stade de France pour les matchs de l'Euro 2016, un système de pré-filtrage évitant que ne puissent accéder au contrôle des billets, aux différentes portes d'entrée du stade – où, précisément, les assaillants avaient prévu de venir se faire exploser –, des personnes qui n'auraient pas été fouillées préalablement. Ce système fonctionne bien, mais demande des moyens supplémentaires puisque nous sommes obligés de mobiliser les forces mobiles en plus grand nombre, ce qui sera particulièrement difficile à l'occasion de l'Euro 2016. C'est en tout cas la solution que nous avons retenue, et qui a convaincu le ministre : elle est sûre en ce qui concerne le pré-filtrage et le contrôle dans les stades, pour peu que le nombre d'agents de sécurité et de palpations réalisées soit adapté et dimensionné.

Le second point concerne les fan zones, ces lieux où se rassemblent des dizaines de milliers de personnes pour voir la retransmission des matchs ou pour participer à d'autres événements festifs. Les deux sites envisagés à cette fin dans la région parisienne sont, à Saint-Denis, le parc voisin de la Maison de la Légion d'honneur et de la basilique, lieu assez fermé et relativement facile à sécuriser, et, à Paris, le Champ de Mars, qui requiert, lui, un dispositif très complexe. La mairie a passé une convention avec une société du groupe Lagardère et nous avons une discussion exigeante avec les services et le cabinet de la maire de Paris concernant les effectifs non seulement d'agents de sécurité, mais surtout de personnes chargées d'effectuer des palpations : le but n'est pas, en effet, de disposer simplement d'un nombre défini d'agents de sécurité, mais de pouvoir contrôler les personnes en amont, c'est-à-dire avant qu'elles ne viennent se présenter au contrôle d'entrée dans la zone fermée par des barrières. Le dispositif de palpation devrait être suffisamment fluide pour éviter l'accumulation d'un grand nombre de personnes non contrôlées qui constitueraient évidemment des cibles majeures. A raison de quatre palpations environ par minute, si 92 000 personnes se pressent au Champ de Mars, les effectifs chargés de la palpation devront être importants. Toutes les discussions ne sont pas encore abouties.

Enfin, toujours à propos de l'Euro 2016, il faudra sans doute restreindre le nombre d'événements festifs autour des matchs. Or, on compte énormément de demandes à Paris. Nous allons devoir limiter les possibilités de sécurisation de ces rassemblements, sur un nombre plus restreint d'évènements. Nous avons d'ores et déjà informé les organisateurs de spectacles et les élus que nous ne serons pas en mesure d'en sécuriser un très grand nombre.

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