Intervention de Michel Cadot

Réunion du 23 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Michel Cadot, préfet de police de Paris :

Leur appel sera immédiatement basculé sans qu'il leur soit demandé de s'expliquer, ce qui prend du temps et encombre les lignes. Le dispositif est au point et est installé dans les locaux du ministère des affaires étrangères. Le basculement, prévu par la circulaire du 12 novembre, arrivée au petit matin du 14 novembre, n'a pu être appliqué ce même jour avant 19 heures. Le dispositif, interministériel, relève du Premier ministre. J'observe en outre que, à la différence d'autres situations, les téléphones portables ont fonctionné, les réseaux n'ayant pas été saturés. Enfin, en lien avec le cabinet de Mme Méadel, nous creusons l'idée de diffuser des messages sur les réseaux sociaux afin d'éviter les appels inutiles, en indiquant, par exemple, quel comportement adopter. Le 13 novembre, nous avons envoyé seize messages comportementaux sur les réseaux sociaux : « évitez de vous rendre dans tel quartier », « ne téléphonez pas inutilement si vous n'avez pas de raison précise de le faire », etc. Il faut développer cette pratique de manière plus systématique.

J'en viens à la BRI. Elle vient en effet de fêter ses cinquante ans, et si l'âge n'est pas une garantie d'efficacité, il apparaît que cette brigade s'est constamment adaptée ; le renfort de 45 hommes, évoqué précédemment, correspond à cette adaptation constante de progresser et rechercher pour répondre à la difficulté des situations. L'enjeu des rapports entre la BRI, le RAID et le GIGN est de mieux identifier leurs spécialités respectives. Aussi le ministre a-t-il demandé aux deux directeurs généraux et au préfet de police de lui proposer un schéma national d'intervention précisant les conditions de fonctionnement de la FIPN et d'identifier en conditions réelles, c'est-à-dire à partir d'exercices, les moyens que chaque unité est capable de mobiliser. Il ne suffit pas d'annoncer qu'ils sont 80 ou 500 ; il faut savoir quand ils pourront être projetés à Clermont-Ferrand, Paris, Boulogne, Versailles.

Je n'étais pas encore en poste au moment de l'opération menée à l'Hypercacher, et je me garderai donc de tout commentaire. J'ai cependant l'impression, en voyant les photos, qu'il y avait beaucoup de monde, et j'ai la conviction absolue, depuis que j'ai assisté sur place, à 4 heures 30, à l'assaut mené à Saint-Denis, que, pour ce type d'opération, il faut être très rigoureux quant au respect des zones. À Paris, nous disposons, entre le recours au RAID et au GIGN, les moyens de primo-intervention que sont la BAC ou la CSI, de beaucoup de possibilités. Les effectifs mis en place doivent donc être proportionnés à chaque cas : c'est la leçon qu'on peut tirer de ces expériences. S'agissant du Bataclan, je suis profondément convaincu que l'effectif spécialisé pour l'assaut était adapté à une intervention rapide permettant de neutraliser les preneurs d'otages sans mettre ces derniers en danger, et ce dans une configuration du bâtiment rendant compliquée la progression des colonnes.

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