Intervention de Michel Cadot

Réunion du 23 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Michel Cadot, préfet de police de Paris :

J'en viens à la présence du préfet de police sur le lieu des opérations. Le préfet de police a le privilège d'avoir auprès de lui, sous son autorité directe, trois préfets : le préfet secrétaire général de zone, le préfet directeur de cabinet et le préfet secrétaire général de la préfecture. Bien évidemment, quand le préfet de police est sur le terrain, il est prévu que le directeur de cabinet dirige le COPP. Il se trouve que, cette nuit-là, le préfet directeur de cabinet était en train de faire un stage à Saint-Astier auprès de la Gendarmerie nationale. Il est immédiatement revenu et est arrivé à Paris à cinq heures du matin. Le préfet SGZDS, le directeur-adjoint du cabinet et le chef de cabinet étaient bien sûr sur place. Donc, en situation de crise, la présence du préfet de police sur le terrain ne gêne en rien le fonctionnement du centre de commandement.

S'agissant de la relation du préfet de police avec le ministre de l'intérieur, ce dernier a besoin d'être très vite informé, car ce sont les premières minutes qui comptent. Or, en la matière, la présence du préfet de police sur le terrain est très souhaitable. Si nous faisons face à une crise à cinétique courte, comme cela a été le cas au Bataclan, cette présence est maintenue jusqu'au bout. Lorsqu'une opération dure plusieurs journées, comme en janvier 2015, la situation est différente. Le préfet de police est alors conduit à participer à des réunions avec le ministre de l'Intérieur, et c'est le directeur de cabinet qui, pendant ce temps, assure à la préfecture la mise en oeuvre des instructions prises.

Au Bataclan, l'enjeu était que l'opération de prise d'otages se termine au plus vite et dans les meilleures conditions, ce qui a nécessité deux heures, deux heures et demie environ ; il était par conséquent préférable, j'y insiste, que je sois sur place pour informer le ministre et faciliter les prises de décisions. En outre, nous n'avions pas à coordonner plusieurs lieux, à la différence des opérations du mois de janvier 2015 où, pour préserver la vie des otages, il a fallu coordonner l'opération de Dammartin-en-Goële et celle de Vincennes.

De ce point de vue, je pense que l'organisation actuelle est parfaitement armée pour faire face à la fois à une présence du préfet auprès du ministre si celui-ci souhaite réunir autour de lui ses directeurs et le préfet compétent, et à une présence du préfet sur le terrain quand elle est nécessaire. Bien entendu, le procureur était sur place à mes côtés et n'était pas au « fumoir », comme il peut l'être à d'autres occasions, lorsque les opérations durent longtemps et nécessitent qu'on réfléchisse à une stratégie d'action sous l'autorité du ministre.

Enfin, vous m'autoriserez à considérer que l'idée d'une fusion entre la DRPP et la DGSI dépasse mon niveau de compétence... J'observe cependant que plusieurs gouvernements successifs se sont posé la question et qu'aucun n'a retenu cette solution, sans doute parce que, dans la région parisienne, le territorial a du sens, et que confier des responsabilités territoriales à des directions centrales, fût-ce la DGPN ou la DGSI et malgré leur grande qualité, n'est sans doute pas toujours une bonne chose. Les directions centrales doivent fixer des orientations, vérifier que celles-ci sont bien mises en oeuvre, évaluer la réussite des actions de terrain, mais il faut que les décisions se prennent au niveau territorial afin de faciliter la coordination.

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