Intervention de Philippe Goujon

Réunion du 23 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Goujon :

Je retiens la formule du préfet de police : à Paris, le territorial a du sens. Ma petite expérience de douze années en tant qu'adjoint au maire de Paris chargé de la sécurité m'amène à penser qu'il est indispensable que l'ensemble des forces de sécurité soient, à Paris, et désormais dans la zone de la police d'agglomération, commandées – hormis, peut-être, pour ce qui est du renseignement, sujet que nous étudierons ultérieurement – par un seul chef, ce qui permet de mesurer l'engagement des moyens et d'éviter la concurrence des forces, ce qui serait la pire des choses. Aussi, pour ce qui est de la cohésion, de la coordination, du commandement, de l'efficacité, de l'optimisation des forces, l'institution et l'organisation de la préfecture de police avec à sa tête un seul chef, me paraît-elle un marqueur, depuis deux siècles, de notre histoire, et en particulier de celle de la République.

Vous avez évoqué, monsieur le préfet de police, comme l'ont fait la DGGN avec les pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG) ou la DGPN avec les BAC, l'équipement, l'entraînement, le renforcement des conditions de riposte des unités. Je souhaite savoir ce que vous prévoyez pour les commissariats d'arrondissement. Ces derniers peuvent également, en effet, se trouver confrontés à des situations de ce type et être les primo-intervenants. Il est donc prévu que leur soient attribués les moyens dont ils manquent pour ce faire : armements, équipements lourds… On a bien vu en effet, à l'occasion de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, que les policiers ne disposaient pas des équipements nécessaires, ni dans leur véhicule, ni sur eux.

Vous avez mentionné les fan zones et je ferai part d'une inquiétude à ce sujet. Nous sommes en guerre, pour reprendre les termes mêmes du Premier ministre, et je pense que nous prenons un risque peut-être excessif à maintenir un rassemblement de 100 000 personnes tous les jours, toute la journée, de dix heures à minuit, pendant un mois, sous la Tour Eiffel, en plein coeur de Paris, même si sont mises en place des conditions de sécurité que nous avons d'ailleurs évoquées. Ne prend-on pas le risque, en maintenant les fan zones, que la fête se transforme en cauchemar ? À l'intérieur ne se trouveront pas, en effet, des policiers, mais des stadiers, des animateurs. La police, qui se trouvera autour de la zone, devra mobiliser un personnel nombreux ; elle a peut-être autre chose à faire que de déployer des effectifs pour les fan zones.

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