Intervention de Michel Cadot

Réunion du 23 mars 2016 à 16h15
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Michel Cadot, préfet de police de Paris :

Concernant notre capacité à répondre durablement à des sollicitations multiples et sans doute de plus en plus lourdes, reconnaissons d'emblée, comme l'a souvent répété le ministre, que le risque zéro et la garantie d'une sécurisation absolue n'existent pas. Notre exigence est de donner un maximum d'efficacité aux dispositifs de prévention et de renseignement et aux mesures d'action immédiate en cas d'attaque. Pour ce faire, il nous faut nous interroger sur certains dispositifs statiques qui sont très consommateurs d'effectifs sans pour autant répondre pleinement à la mobilité de l'adversaire et à l'effet de surprise qu'ils recherchent ; au contraire, ils peuvent constituer des cibles faciles et, de ce point de vue, l'utilité d'une garde statique privée devant le Bataclan, si elle avait existé, n'est pas évidente.

Surtout, nous devons envisager un dispositif comprenant des mesures de protection périmétrique et situationnelle dans certains lieux recevant du public, avec des procédures de filtrage et de contrôle, voire la présence d'un personnel de sécurisation armé, orientation nouvelle dans notre pays, qui a déjà été expérimentée une ou deux fois, qui est explorée actuellement par d'autres grands groupes gérant des lieux recevant un public nombreux. Pour accroître notre réactivité, il faut aussi développer la vidéoprotection à l'échelle zonale. Sur la plaque parisienne, c'est la région Île-de-France qui constitue l'échelle pertinente. Lorsque les terroristes interviennent sur Paris ou quittent la capitale, nous devions être en mesure de croiser et d'exploiter les données recueillies par les services de renseignement, ceux qui sont chargés de la circulation et de l'ordre public, les commissariats et la police judiciaire. Nous avons donc élaboré un plan zonal de vidéoprotection, pour lequel le ministre a mobilisé un budget de 15 millions d'euros. À Paris, nous allons ainsi quadrupler la surface d'espace public surveillé, en ciblant notamment les grands axes de circulation, les réseaux de transports, y compris de surface, et en intégrant au plan de vidéoprotection pour Paris (PVPP) les réseaux des centres commerciaux et des collectivités qui en disposent. Nous allons également améliorer l'exploitabilité des données en affinant les techniques de détection des comportements anormaux et fébriles, ainsi que de reconnaissance faciale.

En clair, nous devons nous placer dans une situation de guerre longue et adapter nos moyens en conséquence, en réfléchissant notamment, avec les militaires, au renforcement des patrouilles dynamiques au détriment des gardes statiques, tout en préservant le même niveau de sécurité dans les îlots de proximité les plus concernés par la menace.

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