Intervention de Jean-Jacques Colombi

Réunion du 9 mai 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Jean-Jacques Colombi, chef de la division des relations internationales à la direction centrale de la police judiciaire, DCPJ :

Les attentats du 13 novembre ont créé un choc et un bouleversement, y compris dans l'appréhension de la coopération internationale.

J'ai exercé tout au long de ma carrière dans des services de police judiciaire et centraux comportant une dimension internationale. Pendant longtemps, la coopération internationale, sans être accessoire, était optionnelle. Aujourd'hui, un changement de paradigme s'est produit : un enquêteur ne peut envisager son travail autrement que dans un espace européen.

Il existe un certain nombre d'outils que les enquêteurs doivent s'approprier. C'est un processus qui a débuté il n'y a pas très longtemps et qui avance à grands pas. La survenance de faits gravissimes comme ceux que nous avons vécus a accéléré cette évolution.

L'équipe commune d'enquête constitue le nec plus ultra de la coopération internationale. L'utilisation des outils d'Europol progresse beaucoup, mais elle n'a pas été sans mal, en particulier dans notre pays. La coopération internationale repose purement et simplement sur l'échange d'informations, et les enquêteurs, dans presque tous les pays européens – davantage dans les pays méditerranéens que dans les pays nordiques, il faut le dire –, ont une culture très ancrée de la possession d'informations. C'est un travail de tous les jours que nous menons avec mes camarades pour leur faire comprendre qu'utiliser les services d'Europol ne leur retire rien, bien au contraire, et que le concept de propriété de l'information n'est pas remis en cause dans ce cadre.

Je vous ai indiqué dans ma présentation que nous avions confié l'ensemble de nos données à Europol, qui a créé la task force « Fraternité ». Il faut souligner que c'est la première fois en Europe qu'un État membre confronté à un tel drame décide de se défaire du pan de l'enquête relevant de l'analyse criminelle pour le confier à Europol. C'est naturellement Mireille Ballestrazzi, la directrice centrale de la police judiciaire, qui a pris cette décision, en suivant immédiatement la voie que nous avions choisie. C'est moi qui ai contacté le directeur de la police judiciaire belge pour le convaincre que la coopération entre nos deux États n'aurait de sens que si lui aussi confiait ses données. Et c'est ce qu'il a fait immédiatement. Pour Europol, la task force « Fraternité » constitue un test, car elle a toujours demandé que les États lui confient les analyses criminelles en cas d'affaires importantes, comme ses responsables l'ont fait savoir au sein du conseil d'administration, où je conduis la délégation française depuis que j'occupe ces fonctions. La justice et la police françaises viennent de lui donner la possibilité de démontrer le bien-fondé de sa création et la plus-value qu'elle peut apporter aux enquêtes. Et je suis certain que tout cela va fonctionner.

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