Intervention de Philippe Goujon

Réunion du 9 mai 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Goujon :

Mon général, dans votre très complète intervention, vous avez dit que si vous n'avez pas les moyens, vous ne pourrez pas accomplir les missions. C'est assez logique et cohérent. Or, à l'énoncé de la multitude des missions de nos armées, on se dit qu'il sera difficile de les mener à bien, d'autant que les effectifs ont diminué de manière considérable au cours des dernières années. Il sera encore plus difficile d'accomplir toutes ces missions dans de bonnes conditions si les armées doivent intervenir dans de nouveaux théâtres d'opération, comme cela vient d'être envisagé.

En tant que Parisien, j'aimerais aussi dire un mot de l'opération Sentinelle qui représente une partie importante du dispositif de sécurisation de la capitale. Se pose la question de votre capacité à accepter cette opération dans la durée, sachant que les effectifs mobilisés ne peuvent pas accomplir les missions pour lesquelles ils ont été formés. Y a-t-il des perspectives d'évolution de la mission, impliquant ou non des réductions d'effectifs ? Les gardes statiques, qui consomment beaucoup d'effectifs, représentent encore 50 % de vos missions à Paris. Ne serait-il pas possible d'en transformer certaines en gardes dynamiques ? Je sais que tout cela ne dépend pas de vous, et qu'il y a des impératifs politiques. Il faut aussi reconnaître que le passage d'une garde statique à une garde dynamique peut inquiéter les personnes protégées et les populations.

En la matière, la coordination avec la préfecture de police de Paris est-elle suffisante ? Vous nous dites que vous vous êtes beaucoup rapprochés du ministère de l'intérieur. Qu'en est-il avec la préfecture de police, sous l'autorité de laquelle vous êtes placé, d'une certaine façon, dans le cadre de l'opération Sentinelle ? Le ministère de l'intérieur a beaucoup d'informations et il dispose notamment d'un réseau de caméras de vidéo-protection auquel vous n'êtes pas forcément relié. Il y a d'autres choix possibles que la garde statique pour protéger les points sensibles.

Concernant votre rapprochement avec le ministère de l'intérieur, vous avez fait allusion avec une expérience menée en Isère. Pourriez-vous nous donner plus de détails sur cette expérimentation qui vous permet de travailler de façon plus harmonieuse, plus imbriquée avec la gendarmerie, et nous tracer les voies d'amélioration qui existent avec la préfecture de police ?

Un dernier problème me semble très important : à Paris, vous n'avez quasiment plus de possibilité d'hébergement d'effectifs. Vous avez indiqué que vous hébergez 70 % des effectifs en région Île-de-France, c'est-à-dire à Satory, à Saint-Germain-en-Laye ou d'autres lieux qui sont très loin de la capitale. Cet éloignement fait perdre beaucoup de temps aux soldats et ne permettrait pas de les mobiliser très rapidement en cas de crise. On va encore supprimer deux casernes de gendarmerie parisiennes – Exelmans et Minimes – qui pourraient très bien être récupérées par les armées. Vous n'avez plus d'endroits où installer des effectifs alors que nous sommes en état de guerre, si j'en crois les déclarations du Président de la République et du Premier ministre.

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