Intervention de Meyer Habib

Réunion du 9 mai 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

Mon général, je vais vous parler avec mes tripes. Le terrorisme vient en grande partie de la faiblesse dont ont fait preuve nos politiques – et je parle au niveau mondial – au cours des dernières années. Les terroristes prospèrent dans des pays où ils ont des camps d'entraînement. Nous avons fréquenté certains de ces pays, nous avons même flirté avec eux, nous avons fermé les yeux. Le terrorisme djihadiste, qui n'a rien à voir avec le terrorisme nationaliste, peut être sunnite ou chiite. En ne s'occupant que de l'un des deux, on risque d'arriver à l'effet inverse de celui escompté.

Daech n'existait pas il y a trois ou quatre ans. Il est arrivé parce qu'on a fermé les yeux, et que les sunnites ont eu l'impression que nous donnions l'Irak, la Syrie, le Yémen aux chiites, sous le contrôle de l'Iran. Les sunnites ont eu l'impression qu'ils étaient en train de perdre. C'est une guerre de religion entre les deux tendances de l'islam et les pays occidentaux, les États-Unis en tête, se sont montrés très faibles. Le 27 août 2013, lors d'une conférence d'ambassadeurs, le président Hollande avait indiqué que la France s'était mise d'accord avec les États-Unis sur le principe d'une intervention militaire en Syrie. Au dernier moment, Obama a décidé de demander l'accord du Congrès.

Quand on fait la guerre, on doit s'engager totalement, sans avoir peur. Quand notre ministre des affaires étrangères indique que nos avions iront seulement en Irak, qu'ils ne franchiront pas la frontière syrienne, on a perdu. Quand on fait la guerre, on va au bout. Mon général, si on doit intervenir au sol, il faut le faire. Dire que l'on n'interviendra pas dans une opération terrestre parce que l'on a peur, c'est envoyer un mauvais message. Évidemment, il ne s'agit pas d'y aller de façon massive et totale. Il faut intervenir par commandos. Mais on doit envisager une intervention terrestre pour les éradiquer.

Que fera-t-on si un, deux, trois, quatre, cinq ou six nouveaux attentats se produisent ? C'est possible. Mettrons-nous un policier derrière chaque citoyen, à la porte de chaque synagogue, église et école, dans tous les stades et métros ? C'est impossible. Le terrorisme se combat en amont. Nous sommes très tolérants. Ce reproche, je l'adresse à nos politiques, pas aux militaires. Nous sommes faibles, nous avons peur alors qu'il faut savoir aller au bout des choses quand il s'agit d'une question de vie ou de mort. Telle est mon intime conviction.

J'ai une question plus précise à vous poser. Est-on prêt à réagir à une attaque terrorise non conventionnelle, chimique ou autre ?

Ma dernière question se rapporte à la Turquie, pays dont nous rentrons. Je représente les Français vivant en Turquie, en Grèce et en Israël et je suis très inquiet. Connaissant bien cette région du monde, j'ai l'impression que la Turquie est en train de basculer doucement et que nous cédons à ses desiderata. Je suis évidemment favorable à une grande coopération avec la Turquie, mais l'éviction du Premier ministre Ahmet Davutoğlu n'est pas pour me rassurer. Le fait que les Turcs puissent entrer en Europe sans visa risque de poser un énorme problème sécuritaire, pour en rester à cette seule considération.

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