Intervention de Sébastien Pietrasanta

Réunion du 9 mai 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Pietrasanta, rapporteur :

Mon général, j'avais plusieurs questions précises à vous poser.

Tout d'abord, combien de Français ont-ils été tués par nos frappes aériennes ?

En second lieu, un changement de doctrine a eu lieu en ce qui concerne les interventions lors d'attaques terroristes : les primo-arrivants deviennent des primo-intervenants. On a beaucoup parlé des primo-intervenants de la police et de la gendarmerie. Les militaires de l'opération Sentinelle pourraient-ils être des primo-intervenants dans une salle de spectacle s'ils sont les premiers à arriver sur place, ce qui est possible compte tenu du maillage en place ? Les militaires de l'opération Sentinelle pourraient-ils ainsi être amenés à ouvrir le feu et à entrer d'eux-mêmes dans une salle de spectacle ou un autre lieu ?

Avec tout le respect que je vous dois, vos réponses aux questions sur une éventuelle intervention au sol me laissent un peu sur ma faim. D'après vous, qui êtes le chef d'état-major des armées et qui cumulez quarante-deux ans de service, combien de temps les bombardements actuels mettront-ils à éradiquer Daech ? Faisons un peu de politique fiction et imaginons qu'une coalition formée par les États-Unis, la France et d'autres pays, notamment du Moyen-Orient, décide de s'engager dans une opération terrestre. Combien de temps lui faudrait-il pour éradiquer Daech ?

Nous revenons de Turquie. Au fil des auditions, dans cette commission où les clivages politiques habituels sont transcendés, nous avons l'impression d'être dans un entre-deux. Depuis septembre 2015, il a été décidé d'effectuer des bombardements en Syrie, qui ont donné les résultats significatifs que vous avez rappelés. Pourtant, de l'extérieur, nous avons le sentiment que les choses n'évoluent pas suffisamment vite et que nous sommes même dans une certaine forme d'hypocrisie. On agit, on frappe et on affaiblit Daech, ce qui est très utile. À titre personnel, je considère néanmoins que nous ne sommes pas forcément à la hauteur de l'enjeu.

Combien de Bataclan faudra-t-il pour qu'un engagement au sol soit décidé ? En cas de nouvelle attaque de ce type, la pression de l'opinion publique et la pression politique seront fortes. Le 13 novembre au soir, on est monté très haut avec le décret d'état d'urgence, le contrôle aux frontières et les annonces du Président de la République. Au prochain attentat – et on sait qu'il y en aura d'autres – quelle sera l'étape suivante en termes de réaction ? Y aura-t-il une intervention au sol ? La réponse est oui. Je sais que c'est compliqué mais se prépare-t-on à cette hypothèse ?

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