Intervention de Général Pierre de Villiers

Réunion du 9 mai 2016 à 14h00
Commission d'enquête relative aux moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier

Général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées :

C'est très bien mais, pour ma part, je ne me risquerais pas à donner une estimation. Tout dépend de l'importance des forces au sol. Les forces démocratiques syriennes ont repris Cheddadi beaucoup plus vite que nous ne l'avions prévu, par exemple, mais elles y sont bloquées. Elles vont peut-être aller vers l'ouest, c'est une question de rapport de force. Je ne sais pas combien de temps nous allons mettre à former les forces locales. Je ne sais pas à quelle vitesse les gens de Daech vont reculer, s'ils vont se replier sur les sanctuaires de Mossoul et Raqqah, ni ce qu'ils vont faire dans ces deux villes. Vont-ils obliquer ailleurs ? Je ne sais pas. Pour résumer, je ne sais pas combien de temps va prendre l'éradication de Daech. Je peux seulement vous dire que plus il y aura de combattants au sol et plus cela ira vite : c'est bien la combinaison des bombardements et de l'action au sol qui nous fera avancer.

Lors de l'intervention en Libye en 2011, on nous posait constamment des questions du genre : pourquoi est-ce que rien n'avance ? Pourquoi ne s'est-il rien passé alors qu'on bombarde depuis quatre mois ? En fait, l'édifice s'est brutalement effondré, comme c'est souvent le cas. Oui, Daech recule. Quand vous subissez une telle masse de frappes par une coalition de soixante pays, vous finissez par reculer. Oui, les forces locales sont de mieux en mieux organisées. C'est le cas des peshmergas et des forces gouvernementales irakiennes notamment de l'Iraqi Counter Terrorism Service (ICTS) qui est l'équivalent de nos forces spéciales. Néanmoins, il faudra du temps. Avec de nouvelles troupes au sol, nous irions incontestablement plus vite, mais il faut mesurer le risque politique que cela représente par rapport à la plus-value militaire.

S'agissant des risques d'attaque chimique, on peut dire que Daech a des capacités en la matière. Cela étant, l'organisation préfère utiliser d'autres outils : des véhicules piégés (vehicle-borne improvised explosive device – VBIED), des engins explosifs improvisés (improvised explosive device – IED), des bombes humaines, des mines, des snippers. On peut imaginer l'utilisation de tous ces moyens en France. Est-ce que nous nous y préparons ? Par principe, nous nous préparons en permanence. Cependant, je vous le répète, nous sommes actuellement au maximum de nos capacités opérationnelles.

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