Je vous remercie pour ce travail qui m'a personnellement beaucoup appris sur une région de l'Afrique que nous connaissons peu.
Je précise avant toute chose que la Commission va continuer de s'intéresser de près à l'Afrique puisque dès la semaine prochaine, nous auditionnerons Hubert Védrine et Lionel Zinsou, membres de la « mission de réflexion sur la rénovation de la relation économique bilatérale entre la France et l'Afrique » qui rendra ses conclusions d'ici à quelques semaines. J'ai sollicité également l'audition de certains chefs d'Etat à l'occasion de leur passage à Paris, les 6 et 7 décembre, pour le sommet pour la paix et la sécurité en Afrique. D'autre part, le bureau de la commission se réunira tout à l'heure pour arrêter le programme de travail de l'an prochain, qui inclura sans doute une nouvelle mission d'information, plus centrée sur l'Afrique francophone, nous déterminerons sous quel angle.
Je crois que votre rapport donne tout d'abord un éclairage intéressant sur les perspectives économiques du continent et des pays d'Afrique anglophone. Vous montrez bien les changements majeurs qui sont en train de s'opérer et le fait qu'une partie importante de l'Afrique est sur une dynamique nouvelle qui invite à porter un regard totalement différent de celui que l'on avait jusqu'à présent. Lionel Zinsou, qui fait partie des experts que vous avez rencontrés, est particulièrement enthousiaste sur le futur de l'Afrique et fait partie des « afro-optimistes » résolus. Cela étant, il serait sans doute prématuré de dire que l'Afrique est tirée d'affaire et je note que les experts eux-mêmes sont partagés sur les perspectives, puisque certains mettent en doute le fait que l'Afrique serait émergente, et argumentent que tout le monde se fourvoie, compte tenu de l'absence de fiabilité des appareils statistiques africains.
Ce que l'on note aussi, ce sont les ambitions régionales, et même internationales, des pays les plus importants, l'Afrique du Sud, en premier lieu. C'est un peu la revanche des anciens colonisés, ce qui peut susciter quelques frictions, vous en avez parlé, notamment avec notre pays, mais aussi avec leurs voisins immédiats qui ont tendance à trouver dans l'attitude de Pretoria une volonté d'hégémonie parfois un peu pesante.
Mais vous montrez surtout dans la dernière partie de votre rapport qu'il y a de la part de l'ensemble des pays que vous avez étudiés, une volonté forte, unanime, de voir les relations avec notre pays se développer : l'Afrique anglophone souhaite que la France continue à être présente sur le continent, qu'elle investisse davantage, qu'elle commerce davantage et qu'elle tire profit de sa connaissance unique de la région pour jouer un rôle d'interface entre Afrique francophone et Afrique anglophone, pour le bénéfice de tous. C'est une très bonne nouvelle et cela n'est pas incompatible avec le maintien de nos relations, plus traditionnelles, avec les pays d'Afrique francophone, même si cela suppose un rééquilibrage de nos moyens, pour lequel vous plaidez.