Monsieur Brottes, vous nous reprochez une approche corporatiste, mais il faut bien voir que les problèmes d'effectifs et de moyens sont ici centraux. Nous avons pu constater des actions très positives ici ou là – dans les académies d'Aix-Marseille et de Lille, notamment –, mais les médecins et les infirmières scolaires sont si peu nombreux qu'ils parent au plus urgent. S'ils s'occupent par exemple de l'insertion scolaire des enfants handicapés ou organisent des visites médicales dans les lycées professionnels, ils sont contraints ensuite de délaisser d'autres points pourtant essentiels. Ainsi, alors qu'il y a consensus sur la nécessité de maintenir la visite en cours préparatoire, ce n'est pas toujours le cas dans la pratique. La création d'un corps de médecins de prévention serait la bienvenue, mais comment sera-t-elle possible sachant que, dans trois ou quatre ans, nous aurons encore perdu quelques centaines de médecins scolaires ? La situation oblige à des choix : ce n'est pas satisfaisant, mais c'est ainsi. On va au plus urgent, au « plus obligatoire », et il est clair qu'il en résulte de graves lacunes.
La lutte contre le harcèlement relève de l'éducation à la citoyenneté et non de la santé scolaire, seul objet de notre rapport. Quoi qu'il en soit, compte tenu de l'état d'urgence dans lequel elle se trouve, la médecine scolaire n'en a pas les moyens. Puisqu'on ne pourra tout faire, il importe de clarifier les objectifs. Mais cela pose notamment le problème délicat du pilotage interministériel…
La contribution des collectivités a en effet permis des expériences très intéressantes à Villeurbanne, à Montpellier, à Lyon, à Lille… Cette participation, qui peut aller au-delà de la mise à disposition de locaux, pose cependant un problème d'équité territoriale, toutes les collectivités n'agissant pas de même. Il faut que les enfants bénéficient partout de la même prise en charge.