Intervention de Denis Simonin

Réunion du 25 mai 2016 à 16h30
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Denis Simonin, administrateur en charge du bien-être animal à la direction générale santé et sécurité alimentaire de la Commission européenne :

Oui ! Les connaissances scientifiques qui ont servi à établir la liste des méthodes autorisées ne permettent pas d'être certain que l'étourdissement est bien complet et réel. Dans son avis de 2004, l'Autorité européenne de sécurité des aliments considérait que le procédé pouvait être correct, mais qu'elle ne disposait pas d'éléments scientifiques lui assurant qu'il était fiable s'agissant des animaux d'un certain poids.

Cela dit, depuis 2004, les techniques et les connaissances scientifiques ont évolué. Une procédure relativement simplifiée existe pour modifier l'annexe I du règlement qui établit la liste les méthodes d'étourdissement, mais il faut pour la mettre en oeuvre que nous soyons saisis d'une demande, et que le procédé soit évalué par l'autorité scientifique.

Vous nous avez interrogés sur la qualité de l'étourdissement. Nous avons nous-même questionné l'autorité scientifique sur ce sujet puisque le règlement prévoit que les abatteurs effectuent régulièrement des contrôles sur des échantillons d'animaux suffisamment représentatifs, pour vérifier que l'étourdissement fonctionne bien sur la chaîne. Ils doivent décrire la procédure qu'ils adoptent.

Nous avons demandé à l'Autorité européenne de sécurité des aliments de nous fournir une sorte de boîte à outils qui puisse être utilisée par les abatteurs. Une série d'opinions scientifiques ont été émises en 2013 pour les grandes espèces de boucherie et de volaille au sujet des principales méthodes de vérification. Les connaissances scientifiques existent donc en ce domaine. Je ne les détaillerai évidemment pas, mais il faut au moins utiliser deux critères, et il y a tout de même des indicateurs. Par exemple, pour les bovins, sur les vidéos diffusées par L214, lorsque l'on voit ce que l'on appelle un « réflexe de redressement » de l'animal, il est clair qu'il est conscient ; il n'y a pas photo. Il y a des indicateurs négatifs et positifs, des réactions qui peuvent être provoquées, mais nous disposons d'une boîte à outils utilisable dans des conditions d'abattage habituelles.

Lorsque la chaîne tourne extrêmement rapidement, on peut réfléchir à des méthodes de détection automatisées, notamment pour l'abattage des porcs. En Allemagne, j'ai vu le cas d'un abattoir de porcs où l'on essayait de trouver un système de détection en stimulant les animaux par un petit jet d'eau avant qu'ils ne passent à l'échaudage – un système de déviation automatisé était prévu en cas de réaction.

Il s'agit d'une nouvelle approche que de nombreux abattoirs n'adoptaient pas jusqu'à aujourd'hui parce qu'ils n'en avaient pas l'obligation. Il y a toute une culture à changer, car les gens ont tendance à appliquer les paramètres sans vérifier qu'ils fonctionnent. Dans la philosophie du nouveau règlement, appliquer les paramètres qui sont dans la législation, c'est bien, mais vérifier qu'ils fonctionnent, c'est mieux… Il y a trop de réglages pratiques sur un chaîne d'abattage, trop de données pour que le contenu de la réglementation fonctionne à tous les coups. Certains éléments doivent être ajustés, il faut introduire des flexibilités.

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