J'ai suffisamment été présent dans cette salle comme ministre ou parlementaire pour me permettre de vous dire que je suis frappé par la retenue et la responsabilité dont vous faites preuve aujourd'hui. Il est arrivé que des débats dans cette salle n'aient ni cette teneur ni cette tenue. C'est une excellente chose, et je vous le dis comme quelqu'un qui n'est plus acteur de la vie politique nationale – je ne répondrai pas à M. Cherki sur telle ou telle politique passée. Il est très important que les Français, au travers de leur représentation nationale, offrent ce visage de dignité, d'unité, de retenue et de responsabilité dans ces circonstances.
Comme l'a relevé M. Lassalle, nous vivons un temps de crises sans précédent à l'échelle européenne.
La crise économique est sans doute en train de se dissiper : nous en sommes à la troisième année de croissance positive pour l'Union européenne. La croissance s'affirme, même si elle reste trop faible et que les dégâts économiques et sociaux de la crise continuent de marquer nos territoires.
Mais des crises existentielles sont en train de s'affirmer. La crise environnementale en est une. La crise des réfugiés en est une autre. Elles remettent très profondément en cause l'équilibre que nous avons construit avec l'ouverture nécessaire de l'Europe et de ses frontières. Elles posent des questions décisives : la crise, majeure, du terrorisme et de la sécurité interroge sur l'équilibre entre liberté et sécurité.
Dans ces conditions, nous sommes confrontés à des opinions publiques beaucoup plus restrictives, marquées par le populisme et qui, paradoxalement, en appellent en même temps davantage à l'Union européenne sans lui donner les moyens de faire ce que l'on exige d'elle. Je crois en effet que le temps est revenu d'un grand débat sur ce que peut être l'intégration économique, sociale et politique de l'Europe.