La tonalité et le contenu de votre engagement européen, chers amis français, tranchent heureusement avec les vociférations du dernier groupe politique qui s'est constitué dans notre propre hémicycle. Nous nous accordons tous pour juger nécessaire une politique migratoire et d'asile commune, mais il faudrait aussi une politique commune pour traiter les causes, au Moyen Orient, de ce flux migratoire – et elle est malheureusement inexistante. Sur le plan militaire, François Hollande bombarde mais c'est Vladimir Poutine qui avance. Sur le plan diplomatique, nous ne parvenons pas à nous mettre d'accord sur l'attitude à adopter à l'égard de la Turquie, à déterminer si nous devons la considérer comme un pays sûr, quel est le montant de l'aide à lui apporter et en contrepartie de quels engagements ; c'est pourtant le pays de transit de la plupart des ressortissants de pays tiers et de demandeurs de protection viennent en Europe.
Pour ce qui est de la solidarité entre les États membres, je ne suis pas certain que l'on fasse suffisamment : certes, les hot spots permettront de relocaliser un certain nombre de gens mais, si l'on s'en tient au dispositif actuel, au moins la moitié d'entre eux restera sur le territoire des pays où ces centres seront installés. Nous n'allons pas assez loin non plus dans la définition commune de l'asile. La France a lancé l'idée de créer un Office européen de protection des réfugiés ; pourquoi, pour l'instant, ne demande-t-on pas aux membres du Réseau européen des organisations travaillant sur la réintégration (ERSO) d'examiner les demandes d'asiles, ce qui garantirait le traitement adéquat de toutes les demandes ?
Vous pourrez compter sur nous pour appuyer la création d'un corps de garde-frontières européens – ce qui ne sera pas une mince affaire – et pour renforcer le rôle de l'agence Frontex dans l'organisation des retours. Le retour n'est pas la priorité cardinale de l'Union européenne, mais pour que la politique européenne relative à la migration soit crédible, ceux qui n'ont ni de raison ni le droit de rester sur le territoire européen doivent être fermement reconduits dans leur pays d'origine, dans des conditions décentes.