Intervention de Klajda Gjosha

Réunion du 28 octobre 2015 à 16h30
Commission des affaires européennes

Klajda Gjosha :

Je vous remercie, madame la Présidente, de me donner l'occasion de partager avec votre Commission les progrès que l'Albanie a réalisés en matière d'intégration européenne. Je remercie également la France pour le soutien sans faille qu'elle a apporté à la candidature de l'Albanie. Le soutien des États membres nous est très précieux, même si nous sommes pleinement conscients que notre processus d'intégration ne dépend que de notre adaptation aux normes européennes. Le statut de candidat à l'adhésion a permis à l'Albanie de se rapprocher du chemin européen. Au cours de l'année passée, nous avons entrepris plusieurs réformes cruciales pour l'avenir de notre pays, en particulier dans l'administration publique – comme s'en est félicitée la Commission européenne. Autres priorités de notre action : la lutte contre la corruption et contre la criminalité organisée, et la protection des droits de l'homme. Enfin, le Parlement albanais adoptera prochainement une réforme du système judiciaire afin de rétablir la confiance qu'il doit inspirer dans la population. Une fois la réforme adoptée, l'Albanie sollicitera l'appui des États membres afin que la Commission recommande sa mise en oeuvre dans le cadre des chapitres 23 et 24 de l'acquis communautaire.

L'Albanie est l'un des pays d'Europe les plus pro-européens. Nous croyons en une Europe unie car, en dépit des défis auxquels elle est confrontée, l'Union européenne demeure un modèle de solidarité. Voici deux décennies que l'Albanie déploie un effort incessant pour l'intégrer et nous poursuivrons cet itinéraire jusqu'à son terme. Nous sommes bien conscients des obstacles qui demeurent et du travail qui reste à accomplir, mais nous sommes confiants et déterminés à prendre notre place au sein de la famille européenne. L'ouverture des négociations d'adhésion n'est pas qu'un simple rendez-vous : elle se fonde sur le mérite, et la mise de notre législation aux normes européennes renforcera notre démocratie. Nous considérons en effet le processus d'intégration comme un processus de transformation. C'est pourquoi nous souhaitons préserver l'enthousiasme que l'intégration européenne suscite dans la population albanaise. Au fond, l'objectif premier de l'Albanie n'est pas l'adhésion à l'Union européenne ; c'est plutôt l'ouverture de négociations, afin d'adosser aux chapitres de l'acquis communautaire la mise en oeuvre des grandes réformes que nous avons adoptées. Les progrès ainsi accomplis apparaîtront plus clairement à l'Albanie mais aussi aux États membres. Pour ce faire, toutes les amitiés sont utiles.

Nous sommes conscients des difficultés actuelles de l'Union et du scepticisme que le processus d'intégration suscite dans les opinions publiques de ses États membres. Je n'en apprécie que davantage le soutien que la France apporte à l'Albanie et aux autres pays de la région dans leur démarche.

La conférence des États des Balkans occidentaux – qui s'est tenue pour la première fois à Berlin en 2014 puis à Vienne cette année, et se réunira de nouveau à Paris l'an prochain – témoigne de l'importance que la France et les autres États membres accordent à ce processus. Nous espérons qu'il en résulte des projets concrets permettant aux pays des Balkans occidentaux de se rapprocher non seulement entre eux, mais aussi de l'Union européenne. En effet, le processus d'intégration est très utile au rapprochement entre les pays de la région, en particulier l'Albanie, le Kosovo et la Serbie, qui dialoguent ensemble pour la première fois. Nous continuerons, dans le cadre de la conférence des États des Balkans occidentaux, à envisager des projets communs, qu'il s'agisse des infrastructures, de la société civile ou des programmes d'échange destinés à la jeunesse, car c'est grâce aux jeunes que les mentalités vont évoluer. Ainsi, lors de la dernière rencontre de football entre l'Albanie et la Serbie, une centaine de jeunes Serbes ont séjourné à Tirana et ont été accueillis dans des familles albanaises. L'exemple est certes modeste mais c'est un bon début. Les étudiants serbes sont rentrés chez eux heureux et déterminés à revenir avec leurs amis, et leurs homologues albanais ont exprimé leur souhait de visiter Belgrade ; c'est une nouveauté. Nous nous réjouissons que la Serbie progresse dans son processus d'intégration, auquel l'Albanie et le Kosovo ont pris leur part. L'essentiel est que tous les pays des Balkans occidentaux renforcent leur coopération et, pour ce faire, que leur intégration européenne – qu'il s'agisse de l'Albanie, mais aussi du Kosovo ou de la Macédoine – se poursuive. Pour la première fois de leur histoire, les Balkans sont en paix, et c'est grâce à l'Europe. C'est pourquoi nous voulons participer au grand projet européen.

Même en Albanie, la crise migratoire devient un problème préoccupant. Il est possible que des migrants traversent l'Albanie au cours de l'hiver prochain. Notre premier ministre a participé au récent mini-sommet européen, où il a été décidé de créer 100 000 nouvelles places d'accueil. Dans ce domaine, l'Albanie approuve l'ensemble des recommandations de l'Union, parce que nous nous sentons européens et voulons agir en conséquence, en aidant l'Europe face à cette crise. Plus généralement, la politique étrangère albanaise est totalement alignée sur celle de l'Europe.

De même, l'Albanie a exprimé sa détermination à combattre le terrorisme avec ses partenaires de la région et au-delà. Cette menace a été abordée lors du dernier sommet du processus de coopération de l'Europe du Sud-Est, qui s'est tenu à Tirana et auquel ont participé treize gouvernements de la région. Dans une déclaration conjointe, ils ont condamné les actes terroristes perpétrés par Daesh et ont convenu de coopérer pour empêcher leurs ressortissants de gagner les pays en guerre, pour promouvoir la tolérance religieuse et pour faire respecter les droits de l'homme. Nous devons renforcer la coopération judiciaire et policière à l'échelle régionale afin d'améliorer le partage d'informations et de mettre au point des stratégies communes.

Pour conclure, j'insiste sur le fait que la date d'adhésion de l'Albanie à l'Union européenne nous importe moins que le processus d'adhésion lui-même, qui contribue à transformer notre pays. Nous sommes bien conscients du chemin qu'il nous reste à parcourir avant l'adhésion ; c'est précisément ce chemin qui nous permet de nous doter d'institutions démocratiques.

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