Intervention de Klajda Gjosha

Réunion du 28 octobre 2015 à 16h30
Commission des affaires européennes

Klajda Gjosha :

Vos questions montrent que l'Albanie intéresse désormais les États membres de l'Union européenne, et je vous en remercie. La principale réforme en cours en Albanie concerne la justice. C'est une réforme-clé, non seulement pour restaurer la confiance de la population envers le système judiciaire mais aussi pour lutter contre la corruption et la criminalité organisée ; voilà pourquoi nous y consacrons actuellement tous nos efforts. Cette réforme de très grande ampleur se traduira non seulement dans la loi mais aussi par la modification de la Constitution. Si nous croyons à sa réussite, c'est parce qu'elle a le soutien du peuple albanais et qu'elle fait l'objet d'un consensus par-delà les partis. J'ajoute que cette réforme n'est pas le fruit du seul travail de nos spécialistes : nous avons bénéficié d'une importante expertise internationale. Nous venons de transmettre le projet de réforme à la Commission de Venise et attendons ses éventuelles recommandations ; nous espérons faire adopter le texte en janvier prochain. Le débat sera long, tant au Parlement que dans la société civile, car cette réforme n'est pas aisée. À preuve : elle est plus ample encore que celle que la Croatie a adoptée avant son adhésion. Autrement dit, nous pensons que cette réforme répondra en grande partie aux demandes de la Commission européenne en matière de lutte contre la corruption et contre la criminalité organisée, sachant que toute la chaîne de responsabilités doit fonctionner pour garantir le succès de cette réforme, étroitement liée à l'avancement du processus d'intégration de l'Albanie.

La question du calendrier de notre intégration ne m'inquiète pas : chacun sait qu'elle ne dépend pas que des réformes accomplies dans notre pays. Nous devons nous attacher à réformer l'Albanie tout en incitant les États membres à favoriser l'intégration des pays candidats. Cependant, dans l'attente de la publication du prochain rapport d'étape concernant l'Albanie, le 5 novembre, je préfère ne pas me prononcer sur le calendrier de l'ouverture des négociations, même si je souhaite qu'il soit aussi rapide que possible pour notre gouvernement et pour notre peuple. Lorsque la décision aura été prise, je serai reconnaissante à la France d'appuyer mon pays dans ce processus.

J'en viens à la question des migrants. L'Albanie prône le maintien de frontières ouvertes. Notre gouvernement évalue actuellement le nombre de migrants que l'Albanie peut accueillir au cours de l'hiver, dans le respect le plus strict des politiques européennes en la matière.

Le terrorisme constitue un problème de plus en plus préoccupant en Albanie : un nombre croissant de jeunes a été recruté pour combattre aux côtés de Daesh et la menace est réelle. Permettez-moi toutefois ce commentaire : lorsque le statut de candidat a été refusé pour la quatrième fois à l'Albanie, certains ont commencé à prétendre que puisque l'Europe ne voulait pas de nous, mieux valait se tourner vers d'autres espaces. Autrement dit, l'Europe doit donner le feu vert à notre pays, car plus le processus d'intégration progressera, plus nous pourrons combattre ces cellules terroristes sur notre territoire. C'est ainsi que nous convaincrons la population albanaise que son pays a toute sa place en Europe. Le processus d'intégration est long et sinueux ; il peut susciter une certaine lassitude, mais nous sommes déterminés à poursuivre notre travail d'adaptation aux normes européennes.

La question de l'éducation est aussi essentielle. Depuis deux ans, nous avons entrepris de réformer ce secteur en profondeur de sorte que les enseignants soient employés dans leur discipline. Les normes de recrutement et les programmes scolaires ont été adaptés aux normes européennes. La réforme a mis fin à la corruption du système en changeant le système lui-même. Même si la mise en oeuvre de la réforme prendra encore du temps, le niveau général a progressé. Les programmes d'échanges avec les écoles et les universités européennes, y compris le programme Erasmus, sont particulièrement importants pour améliorer le niveau de nos étudiants, mais aussi pour faire évoluer les mentalités.

À propos de M. Fullani, l'affaire est close : il est libre depuis quelques jours et cette décision appartient aux tribunaux. Le gouvernement n'a pas à intervenir dans la bonne marche de la justice ; il doit en revanche réformer le système judiciaire pour accroître la confiance qu'il inspire dans la population.

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