Intervention de Michel Piron

Réunion du 18 novembre 2015 à 16h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Piron :

Je salue volontiers ce rapport mais, malgré la présentation enthousiaste de notre rapporteur concernant les conseils de compétitivité, je demeure interrogatif sur leur contenu comme leur forme. S'agit-il de conseils ou d'observatoires ? S'il s'agissait d'observatoires, il me semble qu'il y en a déjà pas mal. S'il s'agit de conseils, j'ai beaucoup de mal à en percevoir le caractère indispensable.

Ma deuxième observation, plus au fond, concerne ce qu'il vient d'être dit sur l'approche macroéconomique et la gestion plus généralement, de la zone euro et de la politique financière. Je crains, Monsieur le Rapporteur, mais vous me donnerez votre point de vue, qu'on n'en soit plus tout à fait là. On est hélas obligés de constater année après année que la monnaie unique, loin d'accroître les convergences entre les différents pays européens, a en réalité, je le déplore, plutôt servi les divergences des économies européennes, exonérant les uns des efforts nécessaires puisque la dévaluation, sans doute, n'avait pas lieu d'être et que les emprunts continuaient à être faciles, exonérant peut-être aussi les autres des solidarités indispensables entre Europe du nord et Europe du sud.

Le constat en tout cas est là : les économies européennes continuent de diverger. C'est tellement vrai qu'au-delà de la Grèce, le cas le plus manifeste, il y a aussi le Portugal, où le peuple travaille énormément ! On a fabriqué des milliers et peut-être des dizaines de milliers de travailleurs de plus en plus pauvres. Alors pourquoi ? Très probablement, parce que, comme l'ont rappelé certains économistes qui ne sont pas des révolutionnaires manifestes – je pense à Patrick Arthus, qui l'a souligné depuis longtemps - on a appliqué des politiques identiques à des systèmes économiques et des modèles économiques totalement différents voire divergents, à dominante industrielle ou au contraire à dominante de services. On voit bien l'inadaptation d'une politique macroéconomique standard européenne, à des économies qui sont, encore une fois, extraordinairement différentes. Voilà le diagnostic et malheureusement le constat est sans appel. J'aimerais savoir si vous partagez ce diagnostic.

Enfin, je partage votre sentiment sur la question de la désignation, pour plus de visibilité, d'un responsable de la zone euro. Je voudrais simplement souligner que la question de l'euro, c'est la question de la politique monétaire européenne. Si la question de la politique monétaire et la question de l'euro étaient de plus en plus à l'ordre du jour, souhaitons qu'elles ne remettent pas en cause l'Europe elle-même à travers ce questionnement né des divergences que l'on est amené à constater. J'aimerais avoir votre sentiment sur ces observations.

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