- Avec Jean-Marc Pastor, nous allons aujourd'hui faire un point d'étape sur l'étude que nous menons depuis quelques mois sur les usages énergétiques de l'hydrogène.
Nous vous avions présenté, le 25 octobre dernier, notre étude de faisabilité. À cette occasion, nous vous avions proposé un projet de calendrier définissant les grandes étapes du déroulement de notre mission. À l'époque, le débat sur la transition énergétique était déjà prévu mais pas encore ses échéances, lesquelles n'ont été fixées qu'au début de cette année. Beaucoup plus récemment, Mme Delphine Batho a indiqué que la conférence environnementale se tiendrait les 20 et 21 septembre et serait suivie du dépôt du projet de loi sur la transition énergétique à l'automne, puis d'un débat au Parlement début 2014.
Pour des raisons d'efficacité, nous avons, avec Jean-Marc Pastor, jugé nécessaire de nous adapter à ce calendrier, d'une part pour partager nos premiers constats avec les participants au débat en cours et, d'autre part, pour que notre rapport définitif puisse être publié à l'automne, avant l'examen du projet de loi.
Je vais d'abord brièvement vous présenter les conditions dans lesquelles nous avons mené cette première étape de notre étude. Elles sont, je crois, représentatives de la démarche d'investigation de l'Office. Tout d'abord, nous nous sommes entourés d'un comité d'experts aux compétences reconnues sur le sujet de l'hydrogène énergie, mais – c'est un point essentiel pour la crédibilité de l'étude – aux opinions nettement contrastées. Nous avons par ailleurs rencontré, à l'occasion d'auditions ou de visites de laboratoires et d'installations industrielles, plus de 150 personnes directement impliquées dans le développement des applications énergétiques de l'hydrogène.
Deux missions, en Allemagne et au Japon, nous ont permis de mesurer l'avance prise par ces deux pays, ainsi que la cohérence de leur démarche. Lors de ces déplacements, nous avons été surpris de rencontrer des industriels français, grands ou petits, contraints de chercher pour leurs produits, hors de nos frontières, des opportunités de développement absentes en deçà. Une visite en Isère et dans la Drôme nous a conduits à constater le dynamisme, en ce domaine, de nos chercheurs et de nos chefs d'entreprises, mais aussi l'étendue des obstacles au déploiement de leurs innovations dans notre pays. Notre participation, voici une dizaine de jours, dans le Tarn, à deux journées de débats sur le développement de l'hydrogène dans les territoires a renforcé nos convictions quant au potentiel d'innovation de notre pays dans ce secteur et à l'importance des freins existants. C'est ce contraste saisissant entre notre situation et celle d'autres pays qui nous a permis de dégager les constats les plus marquants de cette première étape de notre étude.
S'agissant du périmètre de ce point d'étape, nous avons résolument souhaité nous inscrire dans le cadre du débat national sur la transition énergétique. Si les orientations de celle-ci ne nous seront connues qu'après le débat en cours, deux d'entre-elles nous sont apparues dès aujourd'hui à peu près certaines. Il s'agit, d'une part, de la place croissante que les énergies renouvelables, tout particulièrement l'éolien et le solaire, seront amenées à prendre dans notre bouquet (mix) énergétique et, d'autre part, de la nécessité, pour des raisons d'indépendance énergétique aussi bien que de neutralité climatique, de réduire notre consommation d'énergies fossiles.
Comme vous le savez, malgré les efforts importants engagés depuis plus de vingt ans dans ces deux directions, l'intégration des énergies renouvelables variables dans le réseau électrique continue à poser des problèmes et notre consommation d'énergie fossile demeure stable. La question à laquelle nous nous sommes attachés à répondre est la suivante : dans quelle mesure l'hydrogène peut-il, en tant que vecteur d'énergie, nous aider à aplanir ces difficultés ? Bien entendu, pour que cette réponse ait un sens, nous avons également été conduits à examiner l'ensemble de la chaîne qui va de la production de l'hydrogène à sa distribution, afin de déterminer si ce vecteur est viable aujourd'hui dans le cadre d'une utilisation opérationnelle.