Je vais essayer de répondre en partie. Concernant notre retard par rapport au Japon et à l'Allemagne, il faut rappeler que si ces pays ont décidé d'investir dans l'hydrogène énergie, c'est pour répondre à des besoins qui leur étaient spécifiques : pour le Japon, la nécessité d'acquérir une certaine forme d'indépendance énergétique, notamment vis-à-vis du pétrole, et, pour l'Allemagne, le besoin de stocker l'énergie produite en surplus par l'éolien et le solaire, pour ensuite la réutiliser, notamment en développant les applications de l'hydrogène dans les transports. Ces pays se sont aussi interrogés sur la façon dont ils valoriseraient leur savoir-faire à l'exportation.
Nous disposons malgré tout d'une avance, en termes de recherche, dans certaines niches, par exemple l'utilisation de micro-organismes pour la production d'hydrogène à partir de la biomasse, ou encore avec l'électrolyse à haute température, à partir de centrales thermiques. Un certain nombre de développements possibles concernent les utilisations locales de l'hydrogène. Nous disposons donc bien, en France, de certaines potentialités technologiques, distinctes de celles déployées dans les pays susmentionnés ; mais si nous ne donnons pas un signal aux entreprises en montrant notre volonté de les développer sur notre territoire, notamment en simplifiant leurs conditions de mise en oeuvre, celles-ci préféreront le faire à l'étranger, comme nous l'avons constaté avec des fers de lance tels qu'Air Liquide ou Total. Si l'INERIS ne s'est pas penchée sur la question des normes de sécurité dans le domaine de l'hydrogène, c'est faute de la définition d'une réelle stratégie de développement des usages énergétiques de l'hydrogène. Au contraire, en Allemagne, l'hydrogène relève d'une législation transverse sur les combustibles gazeux, ce qui permet à ce pays de bénéficier d'une bien meilleure réactivité en termes d'adaptation réglementaire.