Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 22 février 2017 à 16h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Monsieur Fromion, vous avez parlé de poursuite de l'insurrection au Mali. Mais nous ne sommes absolument plus, et c'est heureux, dans la situation de 2013 : je rappelle que la ville de Bamako était alors sous la menace d'être prise par les islamistes. Depuis, des élections présidentielle et législatives ont eu lieu, et la situation à Bamako s'est normalisée.

Si des difficultés persistent, c'est en raison de la constitution, après l'offensive de Serval ayant abouti à la défaite de l'armée terroriste qui s'était formée, de petits groupes qui se livrent à des actions terroristes très classiques. Si nous combattons ces groupes avec succès, ce qui nous permet de récupérer leurs armements, nous devons également faire en sorte de mettre fin aux diverses porosités constatées au nord, clairement liées à des trafics, qui n'ont donc rien d'idéologique mais qui permettent cependant aux éléments fondamentalistes de disposer de moyens d'action contre la France, mais aussi l'armée malienne et les forces des Nations unies : les pertes de la MINUSMA s'élèvent actuellement à 90 hommes.

Pour combattre ces porosités, nous devons trouver les moyens d'intégrer, au sein d'un même dispositif militaire, les éléments des groupes armés signataires qui se sont déclarés volontaires. Il faut agir vite, car si nous tardons trop à intégrer ces hommes, ceux qui pensaient entrer dans le dispositif d'intégration essaieront de trouver d'autres formules d'allégeance plus rentables… Les éléments susceptibles de nous rejoindre sont identifiés et, si nous ne voulons pas les perdre, nous devons conclure des accords avec la CMA et la plate-forme afin de mettre en place au plus vite les dispositifs d'intégration qui permettront la constitution de ces fameuses patrouilles mixtes : c'est pour moi la solution incontournable, et je suis optimiste sur le fait qu'elle soit prochainement mise en oeuvre.

Parallèlement, nos amis algériens ont un rôle important à jouer : ils ont été les accoucheurs de l'accord, ils en sont un peu les garants. Ils l'ont fait le mois dernier au cours du sommet Afrique-France de Bamako et à la suite des attentats de Gao ; ils doivent poursuivre l'effort. De son côté, il faut que le gouvernement malien prenne les initiatives politiques nécessaires. Plus important encore, il faut durcir les missions des Nations unies. L'objectif n'est plus, contrairement à celui des missions antérieures, de faire de l'interposition. La MINUSMA doit faire en sorte que la sécurité du territoire soit acquise. C'est presque du contre-terrorisme – même si Barkhane s'en charge, son rôle sur ce point étant bien spécifié dans la mission de la MINUSMA.

Enfin, il conviendrait d'éviter de faire preuve de complaisance à l'égard de M. Iyad Ag Ghali qui revient aujourd'hui à une position de leader. Nous avons d'ailleurs transmis le message aux Algériens, dans la mesure où il passe la moitié de son temps dans le Sud algérien : c'est là qu'il organise ses actions.

Quant à la présence des autres acteurs au Mali, elle n'est peut-être effectivement pas suffisante. Mais sachez que j'irai samedi à Gao voir des hélicoptères d'attaque allemands. Il est tout à fait positif que d'autres acteurs interviennent, mais le fond de l'affaire est bien de durcir le type d'actions que l'on confie aux forces des Nations unies. Cela mériterait une véritable réforme au niveau international. J'ai néanmoins un motif de satisfaction : la coopération militaire entre les pays du G5 est bonne. Je ne suis donc pas pessimiste – à condition que les initiatives politiques nécessaires soient prises.

Je vous remercie des propos aimables que vous avez tenus à mon égard. Néanmoins, je ne partage pas les propos que vous avez tenus quant au bilan financier de mon ministère. Je vous souhaite bien du plaisir pour la suite si jamais votre famille politique succède à la nôtre au Gouvernement. Je comprends très bien qu'à la veille d'échéances électorales, les chefs d'état-major viennent exposer leurs besoins.

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