Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 22 février 2017 à 16h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Je sais très bien ce que pense le général de Villiers. J'ai une grande confiance en lui qui, me semble-t-il, est partagée. Nous sommes généralement tout à fait transparents l'un envers l'autre sur tous ces sujets. Je ne referai pas le bilan budgétaire de toute mon action car je ne souhaite pas du tout tenir des propos polémiques aujourd'hui. Mais il est certain qu'il faudra renforcer notre effort de défense, quel que soit le président de la République. L'objectif des 2 % de dépenses doit être inscrit à notre agenda politique. Je ne dis pas que ce chiffre doit être atteint l'année prochaine, ce serait irréaliste et trompeur, mais il faut monter en puissance pour atteindre progressivement cet objectif indispensable. Et comme je l'ai indiqué tout à l'heure, cet objectif de 2 % doit être assorti d'un objectif complémentaire de 20 % de dépenses d'investissement. Quoi qu'il en soit, je suis tout de même frappé par le fait que, militairement, la France est très respectée – d'abord par ceux qui nous subissent, mais aussi par nos alliés. À chaque fois que je les rencontre, ils me font part de leur considération, voire de leur admiration, à l'égard de nos forces et de nos actions.

Sur la question de Renault Trucks Defense, Messieurs Boisserie et Candelier, je resterai relativement discret dans la mesure où des négociations sont en cours. Plusieurs options sont possibles. Je ne commenterai pas votre pronostic ; mon souci est de garantir la pérennité de cet outil dont Volvo veut se séparer pour différentes raisons. Volvo ne joue pas la montre : il respecte un calendrier juridique et technique suédois qui est très long. Je suis allé voir le ministre suédois chargé du dossier pour lui demander d'aller relativement vite, mais leur agenda est ainsi fait. Je souhaite pour ma part une solution retenue qui reste européenne et qui permette à nos contrats d'aboutir, tant pour les besoins de nos forces qu'à l'exportation, car RTD est un très bel outil. Les éléments que j'ai en ma possession me permettent de penser que cela devrait pouvoir se faire ainsi.

Je voudrais rappeler à M. Candelier que, pour ce qui est du matériel de l'armée de terre, l'accord que nous avons passé entre Nexter et KMW est tout à fait positif. Vous avez souligné que j'étais un homme de terrain : je ne me rends pas seulement dans les unités, mais aussi dans les entreprises. Je peux donc vous dire que dans les usines entrées dans le dispositif Nexter-KMW, les gens sont contents, car elles ont des plans de charge, des perspectives d'avenir et des exportations potentielles. Je rappelle aussi que c'est moi qui ai relancé Scorpion, ce qui donne à l'armée de terre des perspectives très positives. Comme je l'ai dit récemment dans un discours prononcé en Corrèze, je souhaite accélérer le processus et je pense qu'on va y arriver. Et ce n'était pas du tout un effet de manche politique puisque je ne serai plus là pour voir les résultats.

Je vous remercie de vos propos à mon égard, Monsieur Candelier. Je ne débattrai pas avec vous de la question de savoir si Mohamed Morsi était moins un dictateur que Abdel Fattah al-Sissi. Je pense que l'Égypte est un pays d'équilibre pour l'ensemble de la zone et que si elle est jamais en proie à des guerres civiles, c'est toute la zone qui sera affectée. Il est essentiel que ce pays se stabilise – or ce processus de stabilisation est en cours. Chaque fois que le président de la République ou moi-même rencontrons le président Sissi, nous lui faisons part de nos observations. Reste que la géopolitique ne se fonde pas uniquement sur le respect de certains critères à nos yeux essentiels et que nous nous attachons à essayer de faire respecter ; il y a aussi d'autres considérations dont nous devons bien tenir compte. Et pour revenir sur la vente des Mistral, je ne suis pas certain que la Russie soit non plus un exemple dans ce domaine. Je reste tout à fait convaincu que la France a maintenant noué avec l'Égypte un vrai partenariat, susceptible d'y renforcer à terme la démocratie. J'en suis intimement convaincu.

Pour ce qui est des fusils, c'est un problème que j'ai découvert en arrivant. Et j'ai un autre pari à gagner : la question des munitions. J'espère réussir avant mon départ. Mais ce n'est pas évident.

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