Je remercie le rapporteur spécial pour son travail très instructif.
Le nombre de 6 500 militaires en OPEX illustre à l'envi le rôle éminent du transport stratégique.
En parlant de faiblesses, vous êtes modéré, monsieur le rapporteur, car nous sommes bien au-delà : il y a des trous dans le filet. La nécessité de revoir l'ensemble de la méthodologie du transport stratégique constitue une question de fond.
Vous avez évoqué une sous-estimation des coûts ; chaque année, 15 % du coût des OPEX sont le fait des transports stratégiques, c'est assez colossal. La mémoire me fait défaut : qu'est-ce qui a pu justifier en 2013 la dépense exceptionnelle de 231 millions d'euros, soit plus que le doublement des sommes habituelles ?
Enfin, l'abandon de souveraineté pour des missions aussi stratégiques est inquiétant ; mais ce qui l'est encore plus aujourd'hui, c'est de savoir à qui nous confions ces missions. Nous connaissons l'état des relations entre la Russie et l'Ukraine, nous n'allons pas nous voiler la face : les données que ces pays sont susceptibles de collecter à l'occasion du transport de nos armées constituent pour eux des mines de renseignements.
Nous sommes au fait des tensions existant entre ces deux pays ; la géopolitique connaît aujourd'hui une évolution permanente. Je rentre ce matin de Bulgarie, et je peux témoigner à mon modeste niveau que les pressions internationales exercées sur les Balkans demeurent considérables.
Il ne s'agit plus d'un abandon de souveraineté, il y a un réel danger à continuer de travailler dans la forme actuelle. Imaginez-vous que nous puissions disposer des moyens de conduire une autre politique ? Dans un premier temps la question serait de méthode, dans un second temps, elle sera de volonté.
Je ne doute pas que vous êtes animé de cette volonté ; la question est de savoir quelles sont les sommes nécessaires à la prise en compte du transport stratégique dans sa vraie dimension.