Intervention de Élisabeth Guigou

Séance en hémicycle du 25 juillet 2012 à 15h00
Traité france-afghanistan d'amitié et de coopération

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères :

… et porte une responsabilité certaine dans les soubresauts que ce dernier éprouve. Il importe désormais que ce pays puisse vivre libéré de l'obsession d'être pris en tenaille entre l'Inde et l'Afghanistan. Les deux États ont de solides intérêts croisés.

Le Pakistan est le principal partenaire de l'Afghanistan et la voie de transit naturelle pour les exportations et importations afghanes, comme l'a d'ailleurs consacré un accord entre les deux pays signé en février 2011. La balle est aujourd'hui dans le camp du Pakistan. Évidemment, les problèmes à prendre en compte sont encore nombreux et complexes, mais jamais l'Afghanistan ne sera en paix si le Pakistan ne le veut pas.

Quant à l'Inde, elle cultive traditionnellement des relations étroites avec Kaboul, symbolisées par le partenariat stratégique conclu entre les deux pays en octobre 2011. L'Inde, nous le savons, est très active sur le plan minier. Elle apporte également une aide importante et diversifiée, qui pourrait utilement croître au fur et à mesure du retrait de la présence internationale sur le sol afghan.

Mais cette perspective suscite des crispations des grandes puissances environnantes, notamment du Pakistan, de la Russie et de la Chine. Il y a là un risque de déstabilisation supplémentaire auquel il convient d'apporter la plus grande attention.

La Russie et la Chine ont bien sûr un rôle important à jouer. La première entretient aujourd'hui des relations plutôt distantes avec l'Afghanistan ; elle n'en est pas moins incontournable, aux côtés des républiques d'Asie centrale, en particulier pour la lutte contre le trafic de drogue ou le terrorisme.

Quant à la Chine, elle a le plus grand intérêt à la stabilité de l'Afghanistan, elle qui a conclu, à la mine de cuivre d'Aynak, le plus gros investissement jamais réalisé dans ce pays.

Enfin, n'oublions pas l'Iran, qui peut contribuer à la stabilité afghane. Comme nos collègues Jean Glavany et Henri Plagnol l'ont souligné il y a trois ans, dans un rapport d'information de la commission des affaires étrangères, il est impératif d'intégrer l'Iran dans le processus de paix. Certes, la chose est encore moins évidente aujourd'hui, mais on ne peut l'occulter pour autant.

Tous les voisins de l'Afghanistan ont aujourd'hui un intérêt objectif à sa stabilité. Il appartient à la communauté internationale de veiller à ce que tous les partenaires puissent intégrer cette préoccupation.

Le retrait de la présence militaire internationale et de celle de notre pays n'équivaut pas à un abandon, je le redis. C'est le sens de notre démarche, que vous approuverez, je l'espère, en autorisant la ratification du traité qui nous est soumis (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.).

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