Après ces longues années de présence occidentale, après ces décennies de conflit sur le territoire afghan, rien ne nous permet d'affirmer que la paix pourra être définitivement installée en Afghanistan. En effet, on peut légitimement craindre qu'au départ de la coalition, les zones rurales ne retombent sous le contrôle de la rébellion. On peut également craindre qu'en dépit d'un effort militaire considérable, la transition ne finisse par déboucher sur un affaiblissement des institutions de l'État afghan, la dislocation de l'État et, à terme, le glissement progressif du pays vers une nouvelle guerre civile. L'Afghanistan, théâtre des rivalités internationales, est un pays fragile qui souffre à la fois d'un déficit en matière de gouvernance et d'État de droit et d'une réelle instabilité politique.
À ces handicaps s'ajoutent la drogue et la corruption, véritables fléaux qui paralysent le pays, entravent le développement de l'économie, minent les efforts de reconstruction et nourrissent le terrorisme.
Dans ce contexte, espérons que le renforcement de la coopération internationale, régionale et bilatérale, impulsée depuis le lancement du processus d'Istanbul en novembre 2011 et amorcée par le présent traité, pourra améliorer de façon significative la situation actuelle du pays et permettre ainsi à l'Afghanistan d'entreprendre sa nécessaire reconstruction.
Ainsi, il est bon que la France – au moment où, en coordination avec ses alliés, elle réduit sa présence militaire, passant la main aux autorités afghanes – prévoie par le présent traité de renforcer la coopération bilatérale en matière de sécurité et de défense, d'une part, et en matière civile, d'autre part.
Le traité comporte des projets emblématiques. Je pense à l'engagement de la France d'apporter son assistance en vue de la création d'une gendarmerie nationale afghane. Je pense encore à la volonté de la France de contribuer à la réduction du taux de mortalité maternelle et infantile, problème très préoccupant en Afghanistan.
J'ajouterai que le traité ne se résume pas à des actions de coopération : il entend permettre à la France de renforcer l'État afghan et l'efficacité de ses institutions. Ce point est essentiel, car – je l'ai évoqué précédemment – l'Afghanistan souffre de façon évidente de déficits en la matière.
Le traité devrait ainsi contribuer à la structuration de la société civile afghane en appuyant le fonctionnement de ses institutions et en portant une attention particulière à la protection des droits des femmes, notamment pour faciliter leur accès à la justice.
Mes chers collègues, ce traité constitue indéniablement un pari sur l'avenir et sur la capacité de multiples acteurs à assurer la stabilité et la paix dans cette région. Nous en convenons tous, cette tâche ne sera pas aisée.
Au nom des députés du groupe UDI, je considère que la reconstruction du pays est étroitement liée à l'instauration d'une véritable coopération bilatérale. L'aide internationale doit constituer un levier pour faire progresser l'Afghanistan dans la voie d'une meilleure gouvernance. C'est à ce titre que le groupe UDI soutiendra bien évidemment la ratification de ce traité d'amitié et de coopération. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI et sur plusieurs bancs du groupe UMP.)