Mes chers collègues, nous sommes heureux de recevoir M. Sergueï Narychkine, président de la Douma d'État de la Fédération de Russie, accompagné d'une délégation de députés russes dont l'importance montre l'intérêt qu'ils attachent aux relations entre nos deux pays. Je salue tout particulièrement M. Ivan Melnikov, premier vice-président de la Douma, et M. Alexeï Pouchkov, président de la commission des affaires étrangères, mon homologue.
Monsieur le président, vous parlez très bien notre langue, alors que je ne parle pas le russe, ce dont je vous prie de m'excuser et que je regrette d'autant plus j'aime beaucoup la littérature et la musique russes. Ami de la France, vous avez notamment coprésidé l'année franco-russe en 2010.
Je n'ai pas besoin de rappeler la force et l'ancienneté des relations d'amitié qui existent entre nos deux pays, non plus que le respect dont témoigne chacun de nos peuples pour leurs réalisations culturelles réciproques.
Il n'en demeure pas moins que l'amitié et la force des relations historiques n'excluent pas la franchise et c'est vous-même, monsieur le président, qui avez souhaité qu'une séance de questions-réponses soit organisée avec les députés français. Je vous en remercie et je suis très honorée qu'elle se déroule dans le cadre de la commission des affaires étrangères qui est ouverte à tous les députés.
Au-delà de l'amitié historique qui nous unit, nous avons de nombreux points de convergence dans le champ des relations internationales. D'une manière générale, la Russie et la France perçoivent le monde comme multipolaire et sont attachées à la diplomatie multilatérale, menée dans les enceintes internationales. Plus précisément, nous remercions la Russie de son aide dans notre intervention au Mali. Mais il existe aussi des points de désaccord sur lesquels nous aurons l'occasion de revenir car c'est à cela que sert un échange de vues.
Je rappelle que, la Grande commission franco-russe débutant à dix heures trente, nous ne disposons que d'une heure. En conséquence, je vous invite, mes chers collègues, à la plus extrême concision.
En ce qui me concerne, j'interrogerai d'abord M. le président Narychkine sur la crise syrienne. Je comprends parfaitement les interrogations du gouvernement russe sur les personnes et les autorités qui pourraient remplacer Bachar al-Assad. Nous aussi sommes très inquiets de la montée des groupes extrémistes en Syrie et nous ne voulons pas que le chaos succède au chaos. Toutefois, plus la guerre civile se poursuit, plus le risque est grand qu'elle tourne à l'affrontement confessionnel et conduise au pouvoir les plus extrémistes, en s'accompagnant éventuellement d'une partition du pays. Faciliter la transition en Syrie est un impératif qui n'est pas qu'humanitaire, il est aussi politique. Il nous a semblé que la position du gouvernement russe, ou du moins de certains de ses membres, quant au maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, avait évolué. Dans ces conditions, serait-il possible que la communauté internationale, en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité, trouve un consensus ?
La Douma que vous présidez a examiné récemment plusieurs projets de loi qui, à l'aune des valeurs communes que partagent les pays européens et qui sont au fondement du Conseil de l'Europe, suscitent beaucoup d'inquiétude dans les pays de l'Union européenne : la loi sur les ONG qui reçoivent des financements étrangers, celle sur l'adoption par des Américains, celle sur la diffamation, sur Internet, sur la pénalisation de l'organisation de manifestations, sur la propagande concernant l'homosexualité – nous avons actuellement un débat extrêmement vif autour du mariage pour tous. Alors, monsieur le président, quelles sont les valeurs qu'entend promouvoir la majorité parlementaire en Russie ? Quelle priorité donnez-vous, dans les relations internationales, à vos relations avec l'Union européenne et les pays qui la composent ?