Intervention de Laure de La Raudière

Je suis désolée de voir l'état dans lequel se trouve un fleuron de l'industrie française, dans un secteur où notre pays était leader mondial. Dites aux salariés que la représentation nationale se sent très concernée par leur situation. Leur compétence est d'autant plus précieuse qu'ils travaillent au sein d'une filière stratégique, à laquelle le Gouvernement doit s'intéresser de près. Les réseaux sont des infrastructures de souveraineté ; il faut par conséquent que les équipementiers européens s'imposent dans le contexte mondial que nous connaissons.

Or, précisément, la stratégie du groupe consiste à se détourner de l'Europe. Il est vrai que celle-ci compte environ 130 opérateurs alors qu'il n'y en a que quelques-uns dans chaque pays en Amérique du Nord et en Asie : est-ce ce morcellement, ou le caractère plus concurrentiel du marché européen, qui pose problème à Alcatel-Lucent ? Le groupe a-t-il par ailleurs commis des erreurs de stratégie en développant certains produits ? Si l'État intervient, au travers du FSI, pour apporter de la trésorerie, comment faire pour que cette aide serve une stratégie durable ?

Que faut-il modifier dans la stratégie d'Alcatel-Lucent ? Jugez-vous pertinente la politique menée pour l'offre d'équipement en ce qui concerne le réseau 4G et le déploiement de la fibre optique ? L'investissement en R&D est-il suffisant ? Quelles recommandations faites-vous à votre direction ? Quel message voulez-vous faire passer au niveau européen ? On sait que l'État chinois est soupçonné de subventionner les équipementiers Huawei et ZTE. Quelles relations avez-vous avec vos homologues de Nokia Siemens Networks, confrontés à une restructuration majeure ? Le Gouvernement français peut-il s'allier avec le gouvernement suédois pour dénoncer les subventions chinoises, ce qui permettrait d'exclure Huawei et ZTE du marché européen et donnerait un peu d'oxygène à Alcatel-Lucent ?