Intervention de Hervé Lassalle

Réunion du 13 février 2013 à 10h00
Commission des affaires économiques

Hervé Lassalle, CFDT :

Le climat social dans l'entreprise n'est évidemment pas bon. Les salariés s'interrogent sur la survie même du groupe, ce qui est paradoxal s'agissant d'une entreprise appartenant à une filière stratégique. Il y a de la colère face à la stratégie qui est celle de la direction générale depuis 2007. Celle-ci nous fait retomber dans les chausse-trappes financières, faute d'avoir su préserver suffisamment de marges pour inscrire à nouveau Alcatel dans le cercle vertueux où le développement de produits permet de faire des profits, qui financent l'investissement en R&D. Au lieu de cela, nous avons pris du retard dans la téléphonie mobile de deuxième génération. S'agissant de la troisième génération, la fusion avec Lucent et le rachat de l'activité 3G de Nortel n'ont pas permis d'organiser la R&D sur cette activité. A contrario, l'acquisition d'une entreprise américaine a permis au groupe de faire des bénéfices dans le secteur des routeurs IP, cette activité contribuant de façon très importante aux marges réalisées par le groupe. L'Amérique du nord, avec AT&T et Verizon, représente 22 % de notre chiffre d'affaires, ce qui est énorme. C'est que les Américains interdisent l'entrée de leur marché aux équipementiers chinois, alors que près de 130 concurrents s'affrontent en Europe, où les équipementiers Huawei et ZTE sont en embuscade, contribuant ainsi à la baisse des prix. En Chine, le marché est très contingenté et, même si les Européens Alcatel-Lucent, Ericsson, Nokia-Siemens y ont leur part, les grands gagnants sont évidemment Huawei et ZTE. Je vous rappelle qu'Alcatel-Lucent compte 11 000 salariés en Chine, où nous sommes présents via une joint venture avec le gouvernement chinois, contre 9 000 en France et 20 000 en Amérique du nord.

Le plan Performance touchera majoritairement l'Europe, qui concentrera 3 300 des 5 000 suppressions d'emplois prévues pour 2013. Il est vrai que les effectifs se sont beaucoup réduits aux États-Unis depuis la fusion : ce sont clairement les effectifs des établissements des pays high cost qui ont souffert des quatre plans sociaux précédents. Autre difficulté pour le groupe, les bénéfices de nos filiales chinoises ne peuvent pas être rapatriés.

S'il faut absolument que l'Europe développe le secteur des routeurs IP, le plan gouvernemental devrait également, selon nous, favoriser l'investissement dans la quatrième génération de téléphonie mobile. La norme LTE permettant de mutualiser davantage la R&D entre nos plateformes américaine, européenne et chinoise, il faut absolument intensifier ce programme. Nous devons pouvoir mettre à la disposition des opérateurs les produits dont ils ont besoin pour accélérer la mise en place de la 4G et développer la fibre optique. Par ailleurs nous discutons avec le Gouvernement de la possibilité de lier les subventions à la R&D prévues dans le cadre du futur plan numérique à la sauvegarde d'emplois dans notre filière.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion