Intervention de François Schmets

Réunion du 13 février 2013 à 10h00
Commission des affaires économiques

François Schmets, CFE-CGC :

Des douze plans sociaux que l'entreprise a connus depuis 1984, année où je suis entré dans l'entreprise, c'est le premier qui ne soit pas un plan de départs volontaires : il prévoit des licenciements sur critères, ce qui alourdit encore le climat social dans l'entreprise.

Nos difficultés sur le marché européen s'expliquent de façon relativement simple : elles sont dues, non seulement à la concurrence chinoise, mais surtout au fait que nos produits ne sont pas adaptés à ce marché, notre direction ayant fait des marchés américain et chinois ses priorités.

La concurrence des entreprises chinoises est d'autant plus rude qu'elles sont soutenues financièrement par leur gouvernement, via notamment des lignes de crédits de dizaines de milliards de dollars et des subventions à l'exportation. La question est de savoir pourquoi l'Europe ne parvient pas à protéger son marché intérieur : alors que les États-Unis et la Chine elle-même, ce qui est paradoxal, n'hésitent pas à le faire, l'Europe est une véritable passoire. Il est vrai qu'il n'est pas facile de mettre vingt-sept pays d'accord et que cela demande un véritable travail de fond. Mais ne soyons pas plus naïfs que les autres : il faut protéger nos marchés.

L'impératif de sécurité nationale mis en avant par les Américains est un motif tout à fait pertinent pour ce faire. En effet, les réseaux de télécommunications ne sont pas seulement un enjeu économique majeur : ils constituent aussi un enjeu de sécurité nationale. Il est vital pour un pays de conserver la maîtrise technologique de ses réseaux.

L'importance de cet enjeu est bien expliquée dans le rapport que le sénateur Bockel a consacré à la cyberdéfense. Il y propose d'interdire l'utilisation d'équipements asiatiques de coeur de réseau qui présentent un risque pour la sécurité nationale. Mais il faut aller plus loin : nous pensons que les technologies d'accès fixe et mobile doivent également être protégées par des normes de sécurité sévères.

S'il lui faut dix ans pour convaincre ses vingt-six partenaires, la France aurait peut-être avantage à lancer une telle initiative avec un ou deux grands pays européens, voire seule : il s'agit après tout de notre défense nationale, domaine dans lequel nous sommes encore souverains.

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