Le groupe, dont la financiarisation n'est plus à démontrer aujourd'hui, n'investit plus dans le développement. Tous les investissements à moyen ou long terme ont été abandonnés depuis une bonne dizaine d'années : ils ont été remplacés par des rachats de start up, pour des rendements à court terme. On mesure aujourd'hui le coût de cette politique : non seulement ces investissements n'ont pas eu les résultats escomptés, mais cette stratégie a fait manquer au groupe l'étape de la 3G.
Notre désengagement actuel de la 4G nous fait courir le risque de ne pas être présents demain sur le marché européen, en dépit des compétences éminentes et diverses dont nous disposons. Ce serait un énorme gâchis que de laisser partir de telles compétences, qui sont le fruit de plusieurs années d'expérience.
Je voudrais souligner le rôle crucial de la régulation pour structurer le marché des technologies de l'information et de la communication, appelées à devenir un élément essentiel de la compétitivité de toutes les entreprises. Nos entreprises attendent des instances de régulation qu'elles leur fixent une feuille de route. En dépit de nos difficultés actuelles, je crois qu'Alcatel a encore un avenir en Europe pourvu que le Gouvernement s'intéresse de plus près à sa situation financière, notamment aux engagements pris ces dernières semaines. En effet, le groupe continue de consommer du cash, et le prêt qu'il vient de contracter auprès de Goldman Sachs, s'il le soulage momentanément, ne fera qu'aggraver la situation à terme.
Ce que nous attendons de l'Europe, c'est bien évidemment de la protection. Mais nous souhaitons surtout la mise en place d'un cadre européen et national propre à maintenir l'intégrité de notre filière des télécommunications. Aujourd'hui, notre pays ne compte quasiment plus de sociétés de fondeurs de semi-conducteurs – je pense à la situation difficile de STMicroélectronics