L'irruption de Free sur le marché de la téléphonie mobile a eu un impact direct sur notre filière, puisqu'elle a incité les autres opérateurs à limiter leurs investissements.
Le climat social s'est beaucoup détérioré dans l'entreprise, au détriment de la qualité du travail et de la motivation. On peut penser qu'il va se dégrader encore avec la mise en place d'un plan social coercitif, assez violent pour des salariés habitués au « droit mou » des codes de bonne conduite, usuels dans cette entreprise.
Les difficultés que nous rencontrons sont dues notamment à l'émiettement des opérateurs et à la concurrence chinoise, non seulement en Europe, mais surtout en Afrique, le gouvernement chinois subventionnant largement les investissements de ses entreprises sur ce continent. C'est peut-être la politique européenne en Afrique qui est à revoir.
Je voudrais évoquer un thème qui n'a pas encore été abordé : celui du dévoiement de la formation professionnelle, à Alcatel et en France en général. La politique de formation professionnelle s'adresse surtout à ceux qui sont déjà très formés, notamment les managers. Or ce sont eux qui sont visés par les plans de licenciement. Par ailleurs, les salariés profitent peu du droit individuel à la formation, le DIF, qui est mis en oeuvre au niveau de l'équipe, alors qu'il est financé au niveau de l'entreprise.
Pourquoi les autorités européennes n'organiseraient-elles pas, sur le modèle de ce que font les États-Unis, la protection des réseaux de télécommunications, via une agence européenne de sécurité des réseaux des télécommunications, chargée de faire respecter par les opérateurs certaines obligations – mettre une partie du code utilisé à disposition des autorités, se soumettre régulièrement à des tests, ou bien encore acquérir 50 % de leur matériel auprès d'équipementiers européens. Les opérateurs pourraient également être tenus de s'acquitter de taxes en cas de dumping, d'utiliser un support en langue locale ou de soumettre à des conditions de nationalité le recrutement des agents intervenant sur les réseaux européens.
Il serait enfin souhaitable de transformer le crédit impôt recherche en un crédit impôt recherche et production, afin de tenir compte de l'évolution des modes de production.