Mesdames et messieurs les députés, c'est un honneur et un plaisir d'être le premier membre du gouvernement serbe à m'adresser à l'Assemblée nationale depuis les dernières élections en France et en Serbie. L'intégration européenne est née en France ; c'est pourquoi cette visite a une grande importance pour mon pays et pour moi personnellement. Je remercie la France d'avoir soutenu la Serbie sur la voie de l'intégration européenne en décembre 2012 et j'espère que votre pays soutiendra également l'ouverture des négociations d'adhésion à l'Union européenne en juin 2013.
Le gouvernement serbe s'appuie sur une coalition – trois grands partis et deux formations minoritaires – qui représente 147 sur les 250 députés de l'assemblée nationale de la République de Serbie ; mais les forces pro-européennes excèdent largement les contours de la majorité, quelque 230 députés étant favorables à l'intégration européenne. Mon plaisir d'être aujourd'hui parmi vous est d'autant plus grand qu'ayant moi-même exercé deux mandants de députée, j'ai beaucoup de considération pour le travail parlementaire.
Vous l'avez souligné, une longue tradition d'amitié unit la Serbie et la France ; à côté des liens historiques, tant culturels que familiaux, nous avons également signé, en 2011, un partenariat stratégique. Notre coopération concerne aujourd'hui non seulement l'intégration européenne, mais aussi les échanges culturels et économiques, ainsi que la sécurité intérieure. J'espère que ma visite en tant que vice première ministre incitera nos gouvernements et nos parlements à coopérer encore plus étroitement dans tous les domaines d'importance commune. Le soutien technique et politique que la France apporte à la Serbie en matière d'intégration européenne est pour nous primordial.
Le Conseil européen de décembre a salué les progrès de la Serbie, précisant que la date de lancement des négociations pourrait être fixée très prochainement. Depuis, nous avons continué les réformes, notamment la normalisation de nos relations avec Pristina, le renforcement des droits de l'homme et des minorités, et l'amélioration de l'environnement des affaires. Le gouvernement de Serbie est déterminé à les poursuivre, afin d'être certain d'obtenir une date de lancement des négociations, conformément aux recommandations de Catherine Ashton et du commissaire à l'élargissement Štefan Füle. L'octroi de cette date – que nous espérons être fixée à juin 2013 – est d'une importance cruciale afin de maintenir le rythme des réformes dans notre société, et nous comptons sur le soutien du Gouvernement et du Parlement français. J'espère que notre rencontre d'aujourd'hui y aidera.
Nous sommes conscients que la normalisation de nos relations avec Pristina constitue la condition clé de notre intégration européenne. Sur cette question complexe et délicate, la Serbie a pris une position constructive ; tous les pays intéressés doivent travailler ensemble, de façon flexible et pragmatique, afin de trouver une solution acceptable pour tous, et notamment pour les citoyens qui vivent au Kosovo. Nos partenaires européens salueront l'avancée que représente la mise en oeuvre de l'accord sur la gestion intégrée des points de passage frontaliers. Quatre d'entre eux fonctionnent déjà, deux autres s'y ajouteront prochainement, parachevant les termes de l'accord. Début février, nous commencerons également des négociations avec Pristina dans le domaine des télécommunications et de l'énergie. Le dialogue politique entre le premier ministre de la République de Serbie, Ivica Dacic, et Hashim Thaçi est en cours, un nouveau cycle de négociations étant programmé pour les 19 et 20 février. La récente rencontre entre le président de la République de Serbie, Tomislav Nikolic, et Atifete Jahjaga constitue un pas symbolique qui prouve que le temps est venu pour un accord historique entre nos deux peuples. L'Assemblée nationale de la République de Serbie a également participé aux pourparlers en adoptant une résolution sur les principes généraux à suivre dans les négociations avec Pristina.
Parallèlement à cette avancée du dialogue avec Pristina, le gouvernement serbe fait des efforts considérables en faveur des réformes, notamment pour affermir l'État de droit, renforcer la protection des minorités et la lutte contre la corruption et le crime organisé, et aider nos entreprises. Ces réformes sont nécessaires non seulement parce que Bruxelles les exige, mais également parce qu'elles correspondent au souhait de nos citoyens. Nous voulons nous préparer au mieux, pour que la Serbie rejoigne l'Union européenne en tant que membre et partenaire égal. Afin d'y parvenir, nous avons adopté un plan d'action pour la mise en oeuvre des recommandations de la Commission européenne. Le plan national pour l'intégration de l'acquis communautaire – que nous adopterons d'ici fin février – organisera, sur une période de quatre ans, l'harmonisation de notre droit national avec la législation européenne.
Depuis la formation de notre gouvernement, nous avons prouvé notre volonté de réformer le système judiciaire, en toute transparence, notamment en corrigeant les erreurs du passé. Les droits de l'homme et des minorités sont également d'une grande importance pour la Serbie, notre souhait étant de construire de nouveaux standards de vie commune. Le cadre législatif est d'ores et déjà bien développé : ces droits sont garantis par notre Constitution, par la loi sur la protection des droits et des libertés des minorités, et la loi contre les discriminations. L'application de ces normes légales pourrait en revanche être améliorée ; c'est ce que nous cherchons à faire à travers l'adoption de plusieurs documents stratégiques.
La conférence qui s'est tenue le 13 décembre 2012 à Belgrade a marqué le lancement officiel du projet LGBT du Conseil de l'Europe, auquel participent plusieurs autres pays – l'Italie, le Monténégro, l'Albanie, la Lettonie et la Pologne. C'est la première fois qu'une telle conférence est organisée dans notre pays par une institution d'État pour combattre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre. Nous souhaitons également lutter contre la discrimination des Roms, l'objectif étant de protéger tous les groupes minoritaires et marginalisés, et d'en améliorer le statut.
Afin de redresser la situation économique difficile de notre pays, l'assemblée nationale serbe a adopté cette année un budget qui prévoit un déficit de 3 % du PIB, contre 7 % en 2012, opérant une réduction de 50 %. La réforme du système fiscal – actuellement en préparation au ministère des finances – et l'allègement des procédures administratives devraient améliorer la condition des entreprises en Serbie. Le gouvernement travaille activement à l'instauration d'un climat propice à l'investissement. Le principal problème de l'économie et de la société serbes réside dans le taux très élevé de chômage ; cependant, pour la première fois depuis des mois, nous avons réussi à en stopper la hausse. Autre signe encourageant, les institutions financières internationales – la Banque mondiale et la BERD – nous promettent cette année une croissance de 2 %. Par conséquent, l'économie serbe peut espérer sortir prochainement de la crise.
Quelques mots enfin sur la coopération régionale. Nous fêterons cette année le dixième anniversaire du sommet et de la déclaration de Thessalonique. L'adhésion de la Croatie à l'Union européenne, le 1er juillet 2013, enverra un signal positif à toute la région des Balkans occidentaux. Depuis la crise économique, l'Union européenne est repliée sur elle-même ; notre région a pourtant besoin d'un encouragement supplémentaire qui lui donnerait le sentiment de faire partie de la famille des peuples européens. Malgré les problèmes économiques et financiers que traverse l'Europe, il ne faut pas ignorer l'aspiration européenne de notre région ; l'Union européenne n'est plus seulement une idée, mais un concept qui garantit à tous ses membres paix, stabilité et prospérité. C'est pourquoi je vous demande aujourd'hui de soutenir la Serbie sur son chemin vers l'adhésion. J'espère que nous nous verrons au mois d'avril à Belgrade ; vous verrez alors par vous-mêmes les progrès que notre pays a accomplis.