Intervention de Christophe Guilloteau

Séance en hémicycle du 21 février 2013 à 9h30
Élargissement des conditions d'attribution de la carte du combattant aux anciens combattants de la guerre d'algérie — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Guilloteau, rapporteur de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Monsieur le président, monsieur le ministre délégué chargé des anciens combattants, madame la présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées, mes chers collègues, je suis très heureux de vous présenter aujourd'hui cette proposition de loi visant à élargir les conditions d'attribution de la carte du combattant. J'associe à ma démarche les nombreux parlementaires du groupe UMP qui ont déposé ou cosigné les neuf autres propositions de loi identiques enregistrées à ce jour auprès de la présidence.

Cette proposition de loi vise deux choses : d'une part, attribuer la carte du combattant à tous nos soldats restés en Algérie jusqu'au 1er juillet 1964, d'autre part, instaurer un critère de cent vingt jours de présence sur le théâtre considéré pour tous nos soldats déployés en opérations extérieures.

En élargissant ces critères d'attribution, cette proposition de loi a pour ambition de rétablir l'égalité entre tous ceux qui ont fait leur devoir et de les inscrire ainsi dans l'hommage légitime que la nation leur doit.

La carte du combattant a été créée par la loi du 19 décembre 1926 pour témoigner la reconnaissance de la nation à l'égard des poilus de la Grande Guerre. Un décret de 1948 a étendu son bénéfice aux combattants de la seconde guerre mondiale, créant ainsi ce que l'on a appelé la deuxième génération du feu.

La troisième génération du feu fut plus longue à se constituer. Si, dès 1952, les combattants d'Indochine et de Corée se vont vu reconnaître la qualité de combattant, il a fallu attendre 1974 pour que les anciens d'Afrique du Nord se la voient accorder pour ce que l'on qualifiait alors d'« opérations ».

Enfin, la loi de 1993 a traduit dans les textes l'émergence d'une quatrième génération du feu, liée aux opérations extérieures.

La carte du combattant ouvre droit, vous le savez, à un certain nombre d'avantages, outre le port de la croix du combattant : versement à partir de soixante-cinq ans d'une retraite du combattant – dont le montant, grâce à l'action de la majorité précédente et à un vote unanime de nos assemblées, est aujourd'hui fixé à 665 euros par an –, souscription d'une rente mutualiste majorée par l'État, attribution, à partir de soixante-quinze ans, d'une demi-part fiscale supplémentaire de quotient familial pour le calcul de l'impôt sur le revenu – qui sera maintenue, je l'espère, monsieur le ministre –, attribution de la qualité de ressortissant de l'Office national des anciens combattants ouvrant droit à certaines aides sociales.

Au 31 décembre 2011, un peu moins de 1,3 million de retraites du combattant étaient versées, dont plus d'un million pour les anciens d'Algérie et 30 000 au titre des OPEX.

Les critères d'attribution de la carte du combattant ont évolué au fil du temps pour essayer de prendre en compte les spécificités de chacun des conflits auxquels la France a participé. Force est de constater que cette évolution n'a pas été suffisante et que les critères tels qu'ils sont définis aujourd'hui excluent un grand nombre de soldats du bénéfice de la carte.

Jusqu'à la guerre d'Algérie, les critères d'attribution de la carte étaient l'appartenance pendant trois mois, consécutifs ou non, à des unités combattantes ou la participation à des actions de feu et de combat. Pour tenir compte de la particularité du théâtre algérien, où régnait une insécurité permanente, une durée de présence de quatre mois de service a été finalement reconnue équivalente à la participation à des actions de feu ou de combat.

Pour les OPEX, à défaut d'une réglementation spéciale, ce sont les anciens critères qui s'appliquent. Cette réglementation a été un peu assouplie par le décret du 10 décembre 2010 qui a complété la liste des missions pouvant être comptabilisées pour l'attribution de la carte : interventions sur explosif, actions de renseignement, contrôles de foule sont désormais considérés comme équivalents à des actions de feu ou de combat.

Toutefois, des inégalités persistent : la qualification d'unité combattante n'est pas attribuée de la même manière dans toutes les armées. Sur un bâtiment de la marine nationale, tous les membres d'équipage obtiendront la carte du combattant si leur navire est qualifié. En revanche, dans l'armée de terre, seules les unités de mêlée sont appelées à obtenir les actions de feu et de combat nécessaires à cette qualification alors même que les unités de soutien partagent les mêmes risques et séjournent dans un environnement tout aussi dangereux.

L'ambition de cette proposition de loi est de remédier à ces inégalités.

L'article 1er vise ainsi à élargir les conditions d'attribution de la carte du combattant aux soldats restés en Algérie jusqu'au 1er juillet 1964.

Depuis la loi de 1974, la période à retenir pour la prise en compte des 120 jours de présence s'arrête au 2 juillet 1962, lendemain du référendum d'autodétermination qui a vu le « oui » l'emporter. Or si la guerre d'Algérie s'est bien arrêtée le 2 juillet 1962, les opérations militaires n'ont pas cessé à cette date. Les accords d'Évian avaient prévu le maintien d'une « force d'apaisement » de 80 000 hommes chargée de protéger pendant deux ans les installations militaires ainsi que les biens et les colons demeurés en Algérie. En juillet 1962, il restait encore 300 000 militaires en Algérie, en janvier 1963, 130 000 et, l'année suivante, 50 000.

La participation à cette force ne s'est pas déroulée sans heurt puisque, pour la seule période allant de juillet 1962 à avril 1964, les bilans mensuels de l'état-major interarmées font état de vingt-huit décès consécutifs à des combats ou des attentats, preuve de l'insécurité qui régnait alors en Algérie pour les militaires qui y étaient stationnés. Le décret du 25 avril 2001 leur a ouvert le droit au titre de reconnaissance de la nation.

L'article 1er propose donc de tenir compte de ce climat d'insécurité pour l'attribution de la carte du combattant. Il s'agit là d'une revendication partagée par la plupart d'entre nous. J'en veux pour preuve, outre les dix propositions de loi déposées sur ce sujet, les nombreuses questions écrites posées depuis plusieurs législatures : cent quatre-vingt-trois sous la précédente et déjà cinquante-quatre depuis le début de celle-ci.

Conscient de l'effort financier très important que cela représenterait – les services du ministère évaluent le coût de cette mesure à 39 millions d'euros pour environ 60 000 bénéficiaires –, je vous soumettrai un amendement destiné à réduire un peu la voilure, du moins dans un premier temps.

Il vise à satisfaire, dès aujourd'hui, une demande sur laquelle nous nous accordons tous : l'attribution de la carte du combattant à tous qui ceux qui totalisent cent vingt jours de présence en Algérie à condition d'avoir débuté leur séjour avant le 2 juillet 1962 – la fameuse « carte à cheval », comme certains l'appellent. Chaque année lors de l'examen projet de loi de finances, nous évoquons ce sujet et chaque année le Gouvernement promet de remédier à cette situation l'année suivante ! C'est une mesure qui concerne un peu plus de 8 000 militaires et appelés du contingent pour un coût annuel estimé à un peu plus de 5 millions d'euros par an. Il s'agit d'une demande prioritaire des associations d'anciens combattants que j'ai rencontrées.

2 commentaires :

Le 20/04/2013 à 17:09, budon a dit :

Avatar par défaut

bonjour il ne faudrait pas oublier le liban fmsb 1982dont je faisais parti du 22 09 82 au 17 01 83 pas d action de feu mais present sur un territoire ou la tention etait palpable jour et nuit alors pourquoi ne pas penser a nous un ancien du 3 rpima merci d avance eric budon mat 8056030117

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 03/05/2013 à 19:54, DARRIEUTORT a dit :

Avatar par défaut

Carte Anciens Combattants AFN/OPEX. Assemblée Nationale 21/02/2013.

Le critère de présence de 4 mois accordé EXCLUSIVEMENT aux combattants AFN de 1952 à 1962 (02/07/1962) est-il légitime et conforme à la constitution Française ?

Débat ouvert, car le critère (4 mois AFN) n'est pas repris à l'article R 224 du code des pensions militaires et d'invalidité et NE RESPECTE PAS LE PRINCIPE D'EGALITE envers les autres catégories de combattants (39/45, INDOCHINE, OPEX et autres) !

Question : Une QPC peut elle annuler les 4 lois instituant le temps de présence 18, 15, 12, 4 mois accordé exclusivement aux combattants AFN 1952/1962 repris à l'article L 253 bis du code déjà cité ?

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Inscription
ou
Connexion