Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, j'ai une vision globale de la mer. Le Président de la République a souhaité cela en nommant un ministre qui s'occupe à la fois de la mer, des transports maritimes, de la pêche, du désenclavement des infrastructures portuaires… ce qui en fait un thème global. J'insiste sur la qualité de la Direction des pêches maritimes et de l'aquaculture (DPMA), qui est une administration remarquable et qui gère ces questions directement avec l'ensemble des acteurs concernés puisque, vous le savez, la filière halieutique travaille étroitement avec la distribution, l'industrie agro-alimentaire… Il existe plusieurs enjeux communs et il n'est évidemment pas question de les dissocier.
La confrontation entre les préoccupations liées à la protection de l'environnement et la pêche peut être difficile mais ces deux mondes sont alliés, ils ne doivent pas se tourner le dos ; ce ne sont pas des opposants et, contrairement à ce que certains veulent bien dire, les pêcheurs ne sont pas des prédateurs. Ils sont bien au contraire partie prenante dans la nécessité de préserver des ressources suffisantes. Il faut donc, au contraire, les associer aux enjeux environnementaux et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle mon ministère travaille en étroite collaboration avec celui de Mme Delphine Batho.
Je suis d'accord avec ce que certains d'entre vous ont dit comme quoi, ce qui importait, c'est que la France parle d'une même voix sur ces dossiers. Je ne m'étendrai pas sur la question de la pêche artisanale car, pour la Commission, celle-ci désigne celle qui est pratiquée par les navires de moins de douze mètres de long, alors que pour la France, elle désigne la situation où l'armateur est embarqué à bord du navire : nous avons là une divergence d'appréciation. Ce sujet est d'autant plus sensible qu'il existe une vraie vision subméditerranéenne de la pêche artisanale.
Je souhaite par ailleurs une évaluation de la réglementation existante sur les prises accessoires car il faut les réduire autant que possible.
L'installation et la modernisation des navires de pêche seront examinées dans le cadre du FEAMP. Il existe un volet sur les navires du futur, des expérimentations sont en cours et devront faire l'objet d'une mobilisation des investissements d'avenir. On ne pourra interdire la modernisation des bateaux alors que celle-ci se fera en faveur de l'écologie.
Mme Annick Le Loch, je suis également convaincu, comme vous, qu'il faut ajouter un volet social à la PCP en examinant notamment les conditions de travail des marins-pêcheurs (dont la profession est, en France, la plus accidentogène) en augmentant autant que possible le bien-être nécessaire de ces travailleurs. Il faut effectivement financer ce secteur en augmentant les aides nécessaires via le FEAMP.
Il faut également aider l'installation des jeunes pêcheurs et développer l'attractivité de ces métiers qui restent trop méconnus. Il faut également améliorer la formation et le soutien à l'enseignement maritime. Il existe une filière technique spécifique, notamment d'enseignement maritime sur laquelle je compte travailler avec M. Vincent Peillon, ministre de l'éducation nationale. L'action en ce domaine est d'autant plus cruciale qu'il existe des carences de postes dans de très nombreux lycées maritimes et qu'il est nécessaire de revitaliser cette filière. Il faut également être attentif aux métiers du futur (aquaculture…). La fermeture des écoles de la marine marchande à Saint-Malo et à Nantes avaient été annoncée par le précédent gouvernement : j'ai demandé l'arrêt du processus de fermeture en attendant une expertise pour déterminer si cette issue est la seule possible ou non. Les contrats bleus ont eu des devenir tout en nuance suivant les façades maritimes considérées : cela doit encourager une pêche vertueuse et c'est pourquoi nous maintiendrons le financement de ces contrats à l'avenir.