Je vous remercie, madame la commissaire, d'avoir accepté notre invitation et de venir nous présenter l'action humanitaire de la Commission européenne, en particulier au Sahel. Le mercredi 27 février prochain, l'Assemblée débattra, en séance plénière, des perspectives de développement et de reconstruction au Mali, dans le cadre de la semaine de contrôle. Une partie importante du débat sera d'ailleurs réservée aux questions des députés, après les interventions du Gouvernement et des groupes politiques. Il nous a paru utile de vous auditionner, madame la commissaire, afin de préparer cette séance. Nous recevrons également, demain après-midi, le ministre délégué chargé du développement, M. Pascal Canfin. En revanche, M. Piebalgs, commissaire européen au développement, n'a pas pu réserver une suite favorable à notre invitation compte tenu de son agenda.
Le Sahel est confronté, depuis au moins 2011, à une nouvelle crise alimentaire, encore aggravée par le conflit au Mali. Si, grâce aux bonnes récoltes de la fin de l'année 2012, cette crise apparaît aujourd'hui moins aiguë, les difficultés de fond demeurent : d'après l'ONU, dix millions de personnes seraient actuellement en situation d'insécurité alimentaire au Sahel et quelque quatre millions d'enfants de moins de cinq ans y souffriraient de malnutrition.
Plusieurs facteurs font de cette partie de l'Afrique une région à haut risque du point de vue humanitaire. Le premier est climatique : la progression de la sécheresse et de la désertification exposent le Sahel à une insécurité alimentaire chronique ; du Sénégal au Tchad, environ 19 millions de personnes sont menacées par la famine.
D'autres raisons sont politiques : la crise au Mali a provoqué de vastes mouvements de populations du nord vers le sud du pays, d'une part, et du Mali vers les pays voisins – Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Algérie –, d'autre part. On évalue le nombre de personnes déplacées à environ 350 000 – 200 000 au Mali et 150 000 dans les pays voisins – depuis le début de la crise. En outre, la reprise des combats a suscité de nouveaux déplacements de populations et rendu plus urgente la nécessité d'une réponse à la crise, alors même que l'intervention militaire complique l'action des organisations humanitaires.
Pouvez-vous, madame la commissaire, nous décrire la situation au Sahel et nous présenter l'action que vous avez menée depuis un an, tant au Mali que dans les pays voisins ? Les responsables nigériens, que nous avons reçus, ont été très élogieux sur l'action de l'Union européenne dans leur pays.
En outre, quels moyens mettez-vous en oeuvre ? Quelles sont vos modalités d'action ?
Enfin, quelle approche la Commission a-t-elle de la problématique du Sahel sur le long terme, une fois que la phase la plus aiguë de la crise sera passée ? Comment votre action s'articule-t-elle, à cet égard, avec celle de votre collègue chargé du développement, M. Piebalgs ?