Lorsque vous avez remercié la France pour son intervention au Mali, vos propos m'ont séduit, madame, mais vous m'avez davantage inquiété par la suite, car j'ai cru comprendre que vous attribuiez l'ensemble des malheurs de ce pays à la guerre que nous y menons. Il me semble pourtant qu'avant ce conflit, la situation n'était pas des plus enviables. Pourriez-vous nous préciser votre pensée sur ce point ?
Pour prolonger la question de mon collègue Michel Terrot sur l'arrêt de l'aide européenne à destination de la Chine, ne serait-il pas temps de définir des priorités, sachant que les Objectifs du millénaire ne seront pas atteints et que l'aide au développement des pays de l'Union européenne (UE) sera plus faible que prévu ? Les taux de démographie les plus élevés se constatent dans les pays les plus pauvres et les moins éduqués : c'est enfoncer une porte ouverte que de le dire, mais il est bien plus difficile de définir une politique répondant à ces enjeux. Dans ce domaine, vous restez, comme d'autres, fort silencieux.
S'agissant de l'État de droit, je rappellerai à Michel Terrot notre voyage d'études sur l'aide au développement au Vietnam. Nous y avions discuté d'un partenariat avec cet État, qui n'a pourtant rien de démocratique. Les régimes autoritaires constituent certes des interlocuteurs difficiles, mais quelques dictatures sont devenues des démocraties et plusieurs d'entre elles ont connu un réel développement, comme Saint-Domingue – notamment par rapport à Haïti –, la Corée du Sud et l'Indonésie. L'État de droit ne doit pas représenter une condition indispensable à l'attribution d'une aide à un pays – cela pourrait s'apparenter parfois à de l'ingérence.