Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 19 février 2013 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Madame la commissaire, je vous remercie, comme M. Bacquet, pour les félicitations que vous avez adressées à la France et pour la dette de gratitude contractée par l'ensemble de l'Europe que vous avez évoquée. En retour, j'aimerais savoir ce que la France peut attendre de l'Europe dans les années qui viennent. Cette opération militaire, qui n'est pas finie, coûte au moins 60 millions d'euros par mois, sans compter l'aide économique et humanitaire que le Gouvernement essaie de mobiliser dans le contexte difficile traversé par nos finances publiques.

À la tête de l'aide humanitaire à la Commission, vous venez de mobiliser une enveloppe de 115 millions d'euros pour deux ans, qui bénéficiera – si j'ai bien compris – de 20 millions d'euros supplémentaires. Une autre grosse centaine de millions d'euros devraient être débloqués pour l'aide au développement, auxquels s'ajoutent 50 millions d'euros pour la formation de l'armée malienne – montant inférieur, je le rappelle, aux dépenses militaires engagées en un mois par la France au Mali.

Dans ce contexte – et je pense traduire là les interrogations de nombreux Français –, nous sommes engagés dans une région stratégique pour la sécurité de l'Europe. La situation au Mali révèle une crise au Sahel qui ne va pas disparaître du jour au lendemain. Il s'agit en effet d'un problème qui va se poser pendant longtemps et qui concerne une région située juste en face de notre continent. Le budget européen vient d'être voté ; il ne saurait éluder la question suivante : quelle est la stratégie de l'UE dans les cinq ans qui viennent ? Combien d'argent et de personnes seront mobilisés ? L'UE va-t-elle s'engager ou va-t-elle continuer de considérer que cela ne concerne que la France ? Le Sahel connaît en effet des problèmes lourds – comme la démographie et l'implantation du fondamentalisme sur le terreau de la pauvreté et des rivalités ethniques – que nous ne découvrons pas aujourd'hui. Nous avons donc besoin de moyens humains et financiers, ainsi que d'une stratégique coordonnée à l'égard des gouvernements de la région. Avez-vous l'impression, même si l'on dépasse là largement le périmètre de vos attributions, que la Commission mène une réflexion sur ces sujets ? Qu'en pensent M. Barroso, Mme Ashton et M. Piebalgs ? Si aucune stratégie n'est développée, le contribuable français doit le savoir, puisqu'il finance 20 % de l'aide économique versée par l'UE – en plus de l'effort militaire national et de l'aide bilatérale. Telles sont les questions qui se posent à long terme et je doute que l'UE ait une réflexion sur la situation de cette région, et ce depuis longtemps.

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