Intervention de Jean-Marc Ayrault

Séance en hémicycle du 27 février 2013 à 15h00
Débat sur le mali : au-delà de l'intervention militaire perspectives de reconstruction et de développement.

Jean-Marc Ayrault, Premier ministre :

Monsieur le président, monsieur le ministre des affaires étrangères, monsieur le ministre de la défense, mesdames les présidentes des commissions, mesdames et messieurs les députés, cela fait maintenant sept semaines que les forces françaises sont engagées aux côtés des forces africaines. Elles prêtent main-forte, avec le soutien de la communauté internationale, au combat des forces armées maliennes contre les groupes armés qui tentaient de transformer le Mali en sanctuaire terroriste.

Les objectifs de cette intervention n'ont jamais varié : d'abord, arrêter l'avancée des groupes terroristes ; ensuite, permettre à l'État malien de recouvrer son intégrité territoriale et mettre hors d'état de nuire les groupes terroristes, comme le prévoient les résolutions internationales ; enfin, favoriser l'application de ces résolutions à travers le déploiement d'une force africaine de stabilisation et l'appui aux forces armées maliennes.

Sur chacun de ces fronts, les résultats attestent la réussite de l'action engagée depuis le 11 janvier. L'offensive des groupes armés terroristes a été stoppée dès les premiers jours. La libération du nord, entreprise avec une détermination saluée par l'ensemble de la communauté internationale et qui a surpris nos adversaires, s'est traduite par la reprise de Gao et Tombouctou les 26 et 28 janvier.

La ferveur de l'accueil réservé au Président de la République lors de sa visite le 2 février témoigne avec force du soulagement des populations libérées et de leur reconnaissance à l'égard de la France. Chacun a pu mesurer la profonde sincérité de ces manifestations de sympathie et d'amitié, aussi bien de la part du peuple malien que des peuples des pays d'Afrique de l'Ouest et des États africains qui se sont engagés aux côtés de la France.

L'intervention de la France s'est ensuite poursuivie avec la reprise des villes de l'extrême nord du Mali, Kidal et Tessalit, dans la première semaine de février. Nous sommes maintenant dans la phase de sécurisation des zones libérées et de démantèlement des repaires des groupes terroristes.

Nous ne sommes pas surpris par la détermination de nos ennemis : ils sont particulièrement organisés et aguerris, et disposent de moyens très importants. Leurs modes d'action ne nous étonnent pas davantage : leur entraînement leur permet de faire preuve d'une certaine efficacité.

Les combats sont donc rudes, et deux de nos soldats y ont perdu la vie aux côtés de plusieurs de leurs camarades maliens et tchadiens.

Je salue ici la mémoire du commandant Damien Boiteux, mortellement blessé le premier jour de l'intervention, en stoppant à Konna l'offensive des groupes terroristes. Je salue aussi la mémoire de l'adjudant Harold Vormezeele, qui avait libéré Tombouctou, et qui est mort le 19 février dans l'Adrar des Ifoghas. Nos pensées vont aussi à leurs familles et à leurs frères d'armes.

Nous avons engagé les moyens nécessaires pour gagner ce combat.

Nos forces terrestres comprennent une quinzaine de compagnies d'infanterie et d'escadrons blindés, appuyés par des éléments d'artillerie et du génie, et un bataillon logistique. Elles sont épaulées par un groupement aéromobile d'hélicoptères d'attaque et d'hélicoptères de manoeuvre.

Ces forces terrestres se doublent d'un dispositif aérien composé d'une quinzaine d'avions de chasse, de quelques avions ravitailleurs, et d'une douzaine d'avions de transport tactique. Il comprend aussi des moyens de renseignement, dont des avions Atlantique 2 et des drones Harfang.

Enfin, des détachements des forces spéciales sont en permanence en mesure de compléter l'action de nos autres forces.

Les opérations se déroulent désormais principalement dans le Timétrine et la zone montagneuse de l'Adrar des Ifoghas où se sont repliés des combattants d'Al Qaida au Maghreb islamique et d'Ansar Eddine, et dans la région de Gao, où subsistent des éléments terroristes, notamment du Mujao. Elles se poursuivront pendant plusieurs semaines, le temps nécessaire pour mettre ces groupes terroristes hors d'état de nuire.

Depuis le début de notre intervention au Mali, nos soldats ont fait preuve d'un professionnalisme et d'un courage exemplaires, auxquels je tiens à rendre hommage. La France peut être fière de ses forces armées, qui démontrent une nouvelle fois leurs remarquables qualités opérationnelles.

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