L'intervention française au Mali n'est pas motivée par la défense d'intérêts nationaux plus ou moins voilés, mais par la défense de valeurs intangibles. Cette intervention diffère fondamentalement de bien des opérations menées par le passé, particulièrement en Afrique : en ce sens, elle est la traduction concrète de la nouvelle politique africaine de la France.
À Tombouctou et à Bamako, François Hollande a clairement déclaré que ce sont les Maliens, les Africains, qui doivent décider eux-mêmes de leur destin et prendre en charge la sécurité de la région. C'est un message fort qu'a lancé le Président de la République : il a indiqué avec clarté et netteté que les relations entre la France et l'Afrique reposent désormais sur une nouvelle base, celle d'un véritable partenariat, transparent, équitable et sincère.
Les quatre principaux buts poursuivis par l'opération Serval ont déjà été atteints, ou sont en passe de l'être. L'offensive djihadiste qui menaçait Bamako et le sud a été définitivement stoppée et le risque de contagion aux pays limitrophes est levé ; l'intégrité et la souveraineté du Mali ont été rétablies ; les forces françaises, maliennes et africaines s'attaquent au réduit terroriste situé dans le massif rocailleux des Ifoghas ; enfin, la sécurisation des régions libérées reviendra, à court terme, aux troupes de la MISMA.
Le volet sécuritaire est indissociable des volets politique et économique. S'agissant de la reconstruction de l'État malien, la nécessité d'un dialogue entre le nord et le sud concernera l'ensemble des composantes de la population malienne et devra répondre à une très ancienne demande politique. Il conviendra de respecter le principe de l'unité territoriale du Mali, ainsi que la laïcité, une valeur qui est chère à ce pays ami, et d'exclure ceux qui ont appartenu à des groupes terroristes ou qui les ont soutenus.
Le dernier aspect est d'ordre économique. Comme l'a souligné le président du Niger, M. Mahamadou Issoufou, « la misère est le terreau de toutes les rébellions et de tous les terrorismes ». C'est pourquoi il est indispensable de concevoir au niveau européen, un grand programme de développement. La crise malienne montre qu'une nouvelle ère a commencé dans les relations entre la France et l'Afrique
Pour terminer, je voudrais faire deux remarques en forme de questions. Les instances internationales, le G 20, l'ONU, l'Union européenne vont-elles se montrer plus attentives au problème des sources de financement des groupes terroristes ? C'est un vrai problème. Par ailleurs, ces instances internationales vont-elles enfin se saisir de la menace tragique et récurrente que constitue le terrorisme – on pense bien sûr au drame des prises d'otages – pour mieux le définir et le combattre plus efficacement ?
Mes chers collègues, n'oublions jamais que l'Afrique n'est pas seulement le berceau de l'humanité, mais aussi un continent d'avenir. Comme le proclame l'hymne national du Mali, « les champs fleurissent d'espérance, les coeurs vibrent de confiance. » (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)